La gestion des ordures ménagères est un immense défi. Les municipalités doivent faire face à des quantités croissantes de déchets avec des moyens financiers limités. Lorsqu’ils sont collectés, ils sont en général enfouis sans précaution à la périphérie. Outre le coût de leur transport, ce stockage crée de fortes nuisances sanitaires et environnementales: insalubrité pour les populations, pollution des nappes phréatiques et émissions de très grandes quantités de méthane qui participe au réchauffement climatique. Mahajanga est la première ville à Madagascar à transformer son ordure. Le projet a connu un succès, les bailleurs, notamment la ville de Paris promet d’apporter plus de financement.

Le Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de la région parisienne a voté à l’unanimité le recours aux 1% déchets pour financer des projets de coopération décentralisée. Avec un budget de 700 millions d’euros, le syndicat prévoit d’engager 600 000 euros sur 2016 soit 0,15% de ses ressources. Une dizaine d’autres projets seront examinés par le comité syndical pour ce mois de  décembre.  Le premier projet validé est celui d’une unité de valorisation de la matière organique d’un coût total de 926 000 euros à Mahajanga.

Le projet de gestion et valorisation des déchets à Mahajanga (Madagascar) par l’association Gevalor  apporte depuis 2004 un appui à la gestion/valorisation des ordures ménagères de la ville de Mahajanga, via la Sarl Madacompost (dont Gevalor est l’un des fondateurs associés). En effet, depuis 2011, Madacompost valorise les ordures ménagères collectées par la commune urbaine de Mahajanga et déposées sur le site de la décharge de Mangatokana. La Sarl gère également l’enfouissement sur le site de la décharge. Ce projet consiste à permettre une meilleure valorisation de la matière organique contenue dans les ordures ménagères de la ville de Mahajanga par les actions suivantes :

- la mécanisation des opérations réalisées par Madacompost et l’amélioration de l’accès à l’eau afin de réduire les coûts opératoires de la valorisation des déchets ;

- la réalisation d’une clôture autour de la décharge et la mise en place d’un éclairage nocturne afin d’assurer la sécurité du site ;

- le développement des partenariats avec de grands projets agricoles et la préparation de produits à base de compost adaptés aux besoins de gros clients afin de favoriser la vente et la valorisation des produits issus des déchets. Il s’agira également de développer la production de combustibles à partir des déchets organiques difficilement compostables. Enfin, il s’agira de renouveler le dossier de finance carbone à partir de 2016 pour la période 2018-2028 ;

- la définition d’un nouveau plan global de gestion des déchets de la ville de Mahajanga en concertation avec tous les acteurs et réalisation d’une analyse coûts bénéfices des différentes options ;

- la mise en place d’une réflexion sur les modalités de financement de la gestion des déchets de la ville, avec notamment l’identification des différentes ressources possibles à Mahajanga et l’accompagnement de la commune pour la rédaction des différents contrats possibles avec les acteurs de la gestion des déchets. Le coût global du projet se chiffre à 926 000 euros.

L’aide demandée au Syctom s’élève à 131 900 euros pour 2016. Le projet présenté par Gevalor, association reconnue dans le domaine de la gestion durable (prix Convergences 2013), est en adéquation avec les orientations du Syctom de développement durable et s’inscrit dans une logique d’économie circulaire : valorisation de la majeure partie des déchets en produits commercialisables, production de combustible à partir des déchets organiques, projet validé par le Standard Verified Carbon Standard (Vcs), compost aux normes Nfu 44 051 et aux normes malgaches pour les pavés et briques élaborés avec des sachets plastiques, prise en compte du genre en favorisant l’emploi des femmes. Le projet prévoit, en outre, de garantir un fonctionnement durable du service de gestion des ordures ménagères de la ville par un financement pérenne, notamment en étudiant les modalités de financement possibles. Il est proposé d’attribuer 80 000 euros à Gevalor pour la réalisation de l’ensemble de ces actions. Le Syctom s’engage, par ailleurs, à examiner prioritairement une demande d’aide de 25 000 euros en 2017.

La gestion des déchets urbains dans la ville de Mahajanga, située au nord-ouest de Madagascar, est une problématique importante car la Cum (Commune Urbaine de Mahajanga), doit faire face à des quantités croissantes de déchets avec des moyens financiers limités. La commune produit annuellement 30 000 tonnes d’ordures ménagères dont seulement 30% sont mises en décharge. Outre les problèmes sanitaires engendrés par cette mauvaise gestion, la décomposition anaérobie (en absence d’oxygène) des ordures ménagères joue un rôle important sur le changement climatique à travers l’émission de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le Co2.

Le projet implanté dans la ville de Mahajanga, consiste avant tout à valoriser annuellement près de 12 000 tonnes de déchets organiques en compost à usage agricole. La méthode utilisée pour la production de compost – compostage en andain – permet d’éviter jusqu’à 150 000 tonnes de Co2 en 10 ans. Le compost produit fournit à l’agriculture locale un intrant naturel comportant de nombreuses qualités agronomiques permettant d’accroitre notablement les rendements : apport de matière organique, amélioration de la rétention en eau du sol, libération progressive des minéraux, meilleur enracinement des plantes, etc.

Ce projet s’intègre dans la politique de gestion des déchets définie par la municipalité, en complément des actions de l’Ircod (coopération décentralisée de diverses institutions alsaciennes) et de l’Ong Enda Oi (Environnement, Développement et Action – Océan Indien), respectivement sur l’appui aux services municipaux et à la pré-collecte des déchets.

Le projet vise également à valoriser autant que possible les autres types de déchets urbains via la production de :

- Pavés autobloquants et briques, issus du recyclage des sachets plastiques, omniprésents dans l’environnement urbain à Madagascar ;

- Broyats de cornes et de sabots de zébus, engrais biologiques particulièrement riches en azote (de 11 à 16% d’azote assimilable) ;

- Briquettes de combustibles issus du recyclage de déchets verts et ligneux, se substituant au charbon de bois tant au niveau des ménages que de certains processus industriels (chaudières, séchoirs, etc.).

Réalisations 2014

- Une moyenne de 45 personnes a été mobilisée sur l’année pour assurer le traitement des ordures ménagères arrivant sur le site (plus de 13 tonnes par jour) ;

- Les ventes de compost ont légèrement progressé en 2014 pour atteindre 50 tonnes mais celles-ci restent encore largement en deçà des objectifs de la société. Elles sont néanmoins très encourageantes sur les hauts plateaux de Madagascar où elles se sont correctement développées malgré les coûts du transport depuis Mahajanga ;

- Les ventes des autres produits de Madacompost affichent par contre de belles progressions : de 39 à 48 tonnes entre 2013 et 2014 pour la corne de zébu broyée et de 244 à 1782 m2 pour les briques et pavés autobloquants.

- Concernant les réductions d’émission, il n’y a pas eu de vérification en 2014 mais le projet a déjà délivré 10 800 tonnes de Co2 depuis son enregistrement en 2010 auprès du standard Vcs.

Recueillis par FR.