Le président de la République actuel est un sans domicile fixe unique dans la mesure où il a vu et arpenter les trottoirs des villes du monde entier. Israël, Vatican, Londres, Bruxelles, Johannesburg, New York et bien sûr Paris ne sont que quelques exemples des destinations préférées du numéro un actuel. Ses déplacements ou plutôt ses exodes sont carrément trop fréquents qu’il ne revient que très rarement sur son point de départ, la terre de ses origines. En effet, le numéro un du pays n’a plus fait de la Capitale et de Madagascar qu’un simple gîte d’étape qui le dépanne aisément quand il est de passage dans l’océan Indien. En même temps, il en profite pour opérer quelques changements et inaugurer quelques infrastructures primaires. En outre, il se tient informé de l’état de santé de sa horde de serpents et de profiteurs, facilement reconnaissables avec leur cravate bleu martial, du nom de leur fondateur. Mais à aucun moment, il ne se tient au courant de la réalité des quelque 23 millions de malagasy qui peuplent son pays. Bien que le président de la République soit le premier responsable et garant du développement du pays, ses nombreuses absences prolongées ont eu un impact conséquent sur la pauvreté, passée de 92 à 95% avant même la fin de cette année 2015. Dans cette portion de citoyens pauvres, on ne compte même plus les jeunes qui sont au chômage et qui n’ont aucune rentrée d’argent sûre et régulière. Au rythme actuel des choses, la pauvreté ne peut que gagner encore plus de terrain et concerne la totalité des malagasy, hormis les familles des dirigeants et de leurs proches. Le chômage concerne aujourd’hui 70% des jeunes de moins de 25 ans, le coût de la vie ne cesse de grimper en flèche tandis que le pouvoir d’achat dégringole continuellement et les initiatives personnelles dans le secteur de l’informel se multiplient. Même si les échanges économiques sont importants, cela n’impacte pas sur la Nation étant donné qu’il n’y a aucun impôt formel. Au final, le développement et le pays ne cesseront de tourner en rond, ou plutôt de faire du sur-place. C’est la raison pour laquelle le nombre des sans domicile fixe augmente à vue d’œil. Contrairement au président de la République, ces derniers n’ont vu que les trottoirs d’Antaninarenina, d’Analakely, de Tsaralalàna, ou encore d’Ambohijatovo, si on ne parle bien sûr que de la Capitale de Madagascar. Des dizaines, voire des centaines de familles se retrouvent à la rue et qui dit famille, dit enfants. Il y en a tellement que tous les automobilistes et les piétons ne peuvent pas ne pas les remarquer et se demander ce qu’il adviendra d’eux. Pourtant, ces enfants seront les jeunes qui garantiront l’avenir de ce pays. Si le président de la République a fait de la jeunesse malagasy une de ses priorités, il se trouve que la concrétisation n’est pas au rendez-vous et les jeunes risquent encore d’attendre longtemps. Que pourront apporter au pays les jeunes de demain si aujourd’hui, ils sont inactifs ou à la rue ? De plus, il faut préciser que même les jeunes ayant eu la chance de suivre des études ou des formations professionnelles rencontrent encore plusieurs difficultés dans la vie, raison pour laquelle ils ne peuvent penser qu’à leur propre survie au lieu de penser au développement du pays. Cette situation ne concerne toutefois pas que les jeunes dans la mesure où la majorité des travailleurs du pays ont les mêmes difficultés. Tant qu’un individu n’est pas à l’aise financièrement, il n’a pas le temps, voire même ne peut pas se payer le luxe de penser à autre chose qu’à essayer de gagner sa vie, de nourrir et de loger sa famille. La vie est ainsi faite. Tant que la pauvreté concernera 95% de la population, le développement et la relance économique du pays ne peuvent être ralentis qu’au maximum. En plus, si les dirigeants du pays ne sont même pas capables de bien diriger, il ne faut rien espérer d’eux, notamment du président actuel de la quatrième République de Madagascar.

Laza Marovola