La majorité des citoyens, notamment ceux faisant partie des 95% de pauvres savaient que cela allait encore arriver cette année. Tout le monde est censé savoir que Madagascar traverse une saison pluvieuse et cyclonique tous les ans mais il se trouve que les dégâts sont sous-estimés par les dirigeants du pays. L’année dernière, à la même époque, et bien évidemment toutes les années précédentes, la pluie a fait des ravages dans la cuvette de la Capitale et rien ne s’est arrangé cette année. Si gouverner c’est prévoir, les tenants actuels ont certes déjà prévu ce genre de chose mais c’est tout. Les mesures prises pour minimiser les dégâts liés à une météo très capricieuse sont inexistantes et c’est la raison pour laquelle rien n’a changé. A la moindre goutte de pluie, c’est la catastrophe : embouteillages monstres, routes coupées, glissements de terrain, inondations, détérioration du peu qui reste de la route et divers accidents sont au rendez-vous, comme tous les ans. Pourtant, il suffirait de bien cibler les actions pour éviter cette anarchie. En gros, il s’agirait d’éviter que le réseau de canaux d’évacuation de la Capitale soit complètement bouché. C’est la source même du problème dans la mesure où si les routes n’étaient pas coupées à cause de la montée des eaux, les automobilistes auraient continué d’emprunter leur itinéraire habituel et ainsi amoindrir les embouteillages. Mais cela ne suffit certes pas à éviter les glissements de terrain causés essentiellement par la mauvaise qualité du sol.

Chaque année, on compte les morts et l’on ne pouvait être qu’abasourdi en apprenant qu’une femme s’est noyée à cause de la pluie à Besarety, en plein dans la Capitale. Ce triste sort ne peut être réservé qu’aux Malagasy parce qu’il est tout simplement difficile de croire que c’est la même chose ailleurs. Avec les fêtes qui approchent, la frustration de la population ne fait que gagner du terrain et tout peut maintenant déclencher le pire. Pour cause, depuis l’année dernière jusqu’à aujourd’hui, les dirigeants de la Grande île se sont juste tourné les pouces et perdent leur temps à vouloir devenir les plus forts. A l’heure actuelle, c’est un fait et même la nouvelle élue de la Commune urbaine d’Antananarivo qui a promis beaucoup de changements semble dépassée par la situation. Depuis sa prise de fonction au mois d’octobre dernier, la Capitale de Madagascar s’est peu à peu dégradée, les actions dans le cadre de l’assainissement et l’embellissement sont inexistantes. Pire encore, les tananariviens devront encore attendre longtemps avant que les pluies ne fassent plus de dégâts que maintenant. Tous les responsables politiques ne sont pas au chevet de la population et se contentent toujours de venir faire un constat après le passage du déluge.

Ensuite, pour essayer de véhiculer une bonne image, ces mêmes responsables politiques convient la presse pour couvrir leurs séances de dons alimentaires. Pourtant, on sait tous que la population a surtout besoin de ne plus vivre dans la tourmente lors de la saison des pluies. Ce ne sont certainement pas les sacs de riz ni les bouteilles d’huile qui vont faire en sorte que la population ne soit plus en danger chaque année, à la même période. C’est la preuve même que les dirigeants de ce pays n’ont pas les mêmes priorités que la population qu’ils gouvernent. Les attentes sont contradictoires et c’est le peuple qui en souffre étant donné que les tenants du pouvoir ne se sentent tout simplement plus redevables. En l’espace de deux ans sous le régime actuel, aucun changement concret n’a pu être constaté, et il y a donc lieu de souligner que l’équipe dirigeante n’est pas en mesure de relever le défi relatif au développement et à la relance économique de Madagascar. Mais c’est le peuple qui en a décidé ainsi en ayant voté pour le président de la République actuel. Si on hérite réellement des dirigeants qu’on mérite, il serait peut être déjà temps pour Madagascar et les quelque 23 millions de Malagasy de mériter mieux.

Laza Marovola