Ce sont des jeunes universitaires qui ont compris le dégât causé par la corruption au sein de la société. Sur leur site, on évoque surtout l’achat du diplôme du baccalauréat ainsi que le passe-droit à honorer pour entrer dans les grandes écoles. On comprend mieux maintenant pourquoi Madagascar se trouve au bas du tableau de classement des pays les plus corrompus au monde.

Pour marquer la journée de lutte contre la corruption du 9  décembre 2015, un concours inter-universitaire de débat parlementaire a été organisé par le projet TsyCoolKoly, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et en partenariat avec le Comité de sauvegarde de l’intégrité (Csi). Cinq universités ont répondu présent à cette activité de sensibilisation et d’action contre la corruption : Rlg, Estiim, Degs, Ucm et Iscam. Le débat a permis à chaque équipe universitaire, mais aussi aux spectateurs, d’évoquer et  d’argumenter leurs idées sur la corruption, les causes et les effets de celle-ci. Les étudiants ont démontré non seulement une bonne compréhension de ce fléau social mais aussi une reconnaissance de leur part de responsabilité dans cette lutte. Selon Franz, étudiant en  Diplomatie et sciences politiques, « la corruption est l’affaire de tous. Force est de reconnaître que si l’on veut y mettre fin, l’Etat et les citoyens doivent tous deux prendre leur responsabilité« .  L’université Iscam est sortie vainqueur du débat.
L’objectif de « TsyCoolKoly » est d’inciter les citoyens, et les jeunes en particulier, à se mobiliser contre la corruption en dénonçant les cas dont ils sont victimes sur leur site ou sur facebook et twitter. Les internautes peuvent également déclarer à travers le projet les situations dans lesquelles ils ont refusé de payer un pot-de-vin et les cas où ils ont rencontré des agents intègres. L’objectif étant d’encourager un meilleur comportement. Le projet tente de susciter le débat sur les problèmes de corruption et d’encourager les citoyens à s’exprimer et à lutter contre ce fléau. Le projet effectue également des activités de sensibilisation dans divers institutions et quartiers de la capitale et permettent aux citoyens n’ayant pas accès à l’internet de témoigner dans des carnets; les informations sont ensuite retranscrites. Tous ces témoignages, les statistiques sur les rapports globaux reçus et par secteur, sont disponibles sur le site. Ces données seront ensuite transmises aux institutions concernées, si le déclarant en fait la demande.

Des cas précis
A ce jour, 276 témoignages sont enregistrés sur le site-web dont 172 pots-de-vin payés pour un montant total de près de 62.6 millions d’ariary, soit une moyenne de 364 000 ariary par pot-de-vin. Cependant, les montants varient par secteur. Le montant maximal déclaré par un utilisateur est de 7 millions d’ariary pour passer le concours d’entrée à la Police. Ce secteur a enregistré le plus grand nombre de témoignages, suivi de celui de l’éducation. De nombreux étudiants révèlent des cas de corruption au niveau des lycées et universités pour l’achat du baccalauréat, l’obtention de diplômes et l’accès au concours d’entrée aux grandes écoles. Comme indiqué par Annie, membre de l’équipe de l’université Rlg, lors de la journée de mobilisation : « Nous, les jeunes devons constamment faire face à ce système corrompu:  l’exemple d’un étudiant de l’université dont la réussite à l’examen est remise en question, ou la recherche de travail des jeunes diplômés souvent obstruée par la corruption, et notamment le trafic d’influence. »
Toujours dans le but de sensibiliser les jeunes à prendre part dans cette lutte contre la corruption, des séances de débat seront organisées dans la province de Tuléar et de Morondava. Cet évènement se tiendra en parallèle dans les « Maisons de jeunes » de ces localités le 15 décembre 2015 prochain.

Recueillis par J.L.R
Ndlr : Il s’agit du newsletter de ce projet. No comment !