La beauté et la richesse de la faune et flore de la Grande île ont été longtemps vantées par tous les connaisseurs de la planète. A ce jour, on recenserait 90% d’espèces endémiques à Madagascar, ce qui signifie que la majorité des espèces animales et végétales sont spécialisées et même uniques au monde. D’un côté, les 1000 différentes espèces d’orchidées font de la flore malgache une des raisons pour laquelle notre pays est souvent décrit comme un sanctuaire de la nature. Du côté de la faune, les espèces endémiques sont recensées dans toutes les catégories : invertébrés, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est la catégorie des reptiles dans laquelle on peut observer les crocodiles, les tortues, les serpents et les lézards. Pour encore plus de précision, c’est sur la famille des lézards dont les caméléons font partie que sera portée notre attention.

Pourquoi ? Parce que les caméléons ont la capacité fascinante de changer de couleur selon ce qui l’entoure. De plus, plus de 95% des spécimens de caméléons sont strictement endémiques à Madagascar. C’est même la raison pour laquelle le Brookesia Micra, le plus petit caméléon du monde a été découvert sur Nosy Hara, un îlot au large de la Grande île. Ce caméléon découvert en 2007 et décrit en 2012 est presque plus petit que le bout d’une allumette. Pour ainsi dire, les caméléons de Madagascar valent le détour d’autant plus que plusieurs spécimens sont encore aujourd’hui méconnus. Pour faciliter la tâche aux personnes intéressées, il faut savoir qu’un caméléon peut changer de couleur par rapport à son environnement, il peut donc se fondre dans le décor et passé totalement inaperçu, il possède des yeux mobiles indépendamment leur conférant une très bonne appréhension du relief et des distances. Il y a lieu de préciser ici que cette particularité anatomique est très importante pour leur survie. Si le Brookesia Micra fait 25 millimètres, le plus grand caméléon de Madagascar peut mesurer jusqu’à 55 centimètres, queue comprise.

Toutefois, un record pourrait bientôt être enregistré dans la mesure où des caméléons mâles et femelles de plus de 150 centimètres sont en train de mettre en danger toutes les autres espèces vivantes de la Grande île. Leur nombre exact n’est pas encore défini pour la simple raison qu’à chaque tentative de recensement, certains sont là quand d’autres sont introuvables. Mais il va de soi que ces caméléons se sont très vite adaptés et acclimatés à leur nouvel environnement ayant subi un changement il y a de cela presque deux ans. Aujourd’hui, l’environnement bleu, voire même bleu martial a été assimilé par ces caméléons qui présentent tous un collier et un trait de couleur bleu partant du cou et s’allongeant vers l’abdomen. Avant ce changement d’environnement, ces caméléons n’avaient pourtant que le bleu du ciel au-dessus de leur tête et ne pouvait même pas la reproduire. Ainsi, ils étaient vert, jaune, rouge, gris, jaune et même orange et semblaient être à l’aise dans leur quotidien. Mais les temps ont changé et fait de s’adapter à une nouvelle couleur n’est synonyme que de simple système de survie dans ce monde rempli de prédateurs, quoiqu’il faut également souligner que ces caméléons géants y trouvent aussi leur compte. Grâce à leur position actuelle, ils peuvent manger et grossir tranquillement sans que personne ne vienne les perturber. Autant dire que c’est la belle vie.

Par contre, ils sont maintenant obligés de jouer un rôle important pour assurer le développement de leur environnement parce qu’il s’agit de la survie de tout un écosystème peint en bleu depuis le mois de janvier de l’année dernière. Pour ceux ou celles qui veulent donc partir à la chasse aux caméléons de plus 150 centimètres et présentant une couleur bleue très distinctive, ils peuvent commencer leur recherche du côté de Tsimbazaza où près d’une centaine de ce spécimen endémique s’était donné rendez-vous pour lever la pate tous ensemble. Mais actuellement, des milliers de ce genre de caméléons se sont introduits de force dans toute l’île, ce qui peut mettre fortement les autres espèces et ces milieux en danger.

Laza Marovola