Convocation à la brigade criminelle, déferrement au parquet, garde à vue, liberté provisoire et licenciement, le commandant et délégué du personnel d’Air Madagascar a subi les conséquences d’une grève du syndicat dont il a été un des principaux meneurs. S’il a été récemment réintégré à la compagnie suite à la pression générale des employés et des autres syndicats, celui-ci ne compte pas garder sa langue dans la poche et a donc apporté son point de vue par rapport à l’entrée de la compagnie aérienne Turkish Airlines sur le sol malgache depuis mardi dernier. Dans ce genre de contrat, il est difficile d’ignorer le contexte géopolitique, selon Rado Rabarilala.

Ainsi, il y a lieu de se demander pourquoi les dirigeants actuels ont décidé d’ouvrir le ciel malgache à tout le monde, sans distinction. Le délégué du personnel de la compagnie nationale a affirmé sur les ondes que les tenants actuels du pouvoir sont surtout intéressés par le milliard d’euro généré par ce contrat avec la compagnie turque dans la mesure où le 11è Fed de 500 millions d’euros étalé sur un période de 5 ans est insignifiant. Mais les dirigeants ont certainement mal évalué les menaces et risques de cette ouverture du ciel dans la mesure où ailleurs dans le monde, tous les pays sont en train de se barricader et de surveiller au mieux leurs frontières terrestres, maritimes et aériennes. Rado Rabarilala redoute précisément que les islamistes extrémistes et les djihadistes entrent tous en catimini à Madagascar, comme l’avait fait Marc Ravalomanana.

L’Etat a tout simplement pris une drôle de décision dont elle ne mesure pas encore les réelles conséquences. Dans les 250 000 touristes prévus et attendus pour le compte de l’année prochaine, l’Etat sera-t-il capable d’identifier ceux  potentiellement dangereux ?

Air Madagascar, en danger de mort 

Depuis longtemps, notre quotidien n’a de cesse d’interpeller quant aux décisions des responsables étatiques qui nuisent à la compagnie nationale aérienne. Aujourd’hui, Air Madagascar est toujours bloqué dans l’annexe B et peine sérieusement à redécoller financièrement. Mauvaise gestion, sabotages, intérêts particuliers, la compagnie n’a jamais été au plus mal et aurait préféré que l’entrée en jeu de Madagascar Airways aurait été pour plus tard, et même beaucoup plus tard. Air Madagascar traverse encore une très mauvaise passe, raison pour laquelle l’arrivée de Turkish Airlines ne va pas arranger les choses. Les deux compagnies sont maintenant officiellement des concurrents quoique cette concurrence soit visiblement déloyale en cette fin d’année, synonyme d’affluence des touristes. Pour cause, pour relier Antananarivo à Paris, Turkish Airlines ne proposera que 500 euros tandis que qu’Air Madagascar affichera au moins 1200 euros. Le choix du voyageur sera vite fait et il est clair que la compagnie nationale en pâtira. Maintenant déjà, Air Seychelles collaborant avec Etihad Airways a déjà pris une bonne partie de la clientèle d’Air Madagascar qui risque donc d’être relégué à l’histoire dans quelques temps.

Laza Marovola