A quelques heures de la fête de la Nativité, c’est évidemment l’heure des bilans et le plus grand point saillant de cette année 2015 reste la hausse généralisée et ce, dans tous les domaines. Pas plus tard que cette semaine, les « Une » de tous les quotidiens de la place parlent du délestage ou coupure d’électricité, c’est selon, qui sévit gravement alors que dame pluie fait de son mieux pour remplir les réservoirs d’Andekaleka et de Tsiazompaniry pour les Régions d’Analamanga et de Vakinankaratra. Personne ne comprend plus rien alors que récemment encore, on a inauguré l’installation de plusieurs groupes électrogènes à Antanandrano et pire même, on a vendu la centrale électrique d’Ambohimanambola. Les autorités ont claironné sur toutes les ondes des radios et les fréquences de télévision de proximité de la Capitale, des dates signifiant la fin du … fléau. Mais rien n’y fait, le délestage reste pratiquement permanent et s’est singulièrement aggravé puisque des quartiers entiers ne reçoivent plus leur quota d’énergie électrique depuis des jours. Du jamais vu, les enfants mais aussi les adultes se demandent si la messe de minuit ainsi que les diverses animations liées à la célébration de la fête de la Nativité se tiendront, pour cette fois-ci, à la lumière des bougies et que par conséquent, il faut rentrer chez soi en passant par des rues, ruelles, et escaliers dépourvus d’éclairage. D’un autre côté, la facture laissée par la Jirama suit aussi cette même tendance vers la hausse. Les ménages crient au vol perpétré par cette société et il s’agit de facture dont le montant a carrément triplé alors que la consommation a baissé de moitié, justement à cause du délestage. Et bien sûr, plus le pays se trouve dans le noir, plus l’insécurité règne.

Sur ce point, tous les quotidiens abondent chaque jour de ces attaques à main armée et aucun quartier n’en est épargné. On ne peut pas faire l’impasse sur ce qui était arrivé à Toamasina au début de cette semaine avec le viol et l’assassinat de la petite Annie tandis que le sort de son frère Arnaud reste toujours aux mains des ravisseurs. Cette affaire de kidnapping de deux adolescents, enfants d’un opérateur économique de la filière bois de rose remonte dans la matinée du lundi 23 novembre 2015 et c’est seulement avant-hier que le gouvernement annonce sa prise en main. Dans la Capitale, chaque mouvement d’air provoque la panique au sein de la population puisque les attaques se passent de jour comme de nuit et laissent évidemment des morts, notamment des pères de famille. Lors d’un braquage qui s’est déroulé dans un quartier ayant une bonne … réputation dans la nuit d’hier puisque doté d’un poste avancé des forces de l’ordre, une escouade de bandits a frappé tranquillement pendant des heures et les interventions n’étaient finalement arrivées qu’au petit matin. Et c’est presque le cas partout  et on ose avancer l’excuse de l’insuffisance du personnel. En réalité, on est plutôt occupé à bien garder et à sécuriser les habitations des autorités en place. Pour ces dernières, la vie est belle et les « revy » sont multiples. On a su, par exemple, que le président de la République irait passer noël à Nosy Be avec toute sa famille et du coup, beaucoup se demandent si on n’a pas, encore une fois, réquisitionné un avion de la compagnie nationale et laisser en rade des centaines de passagers qui ont déjà payé leurs billets. En tout cas, Hery Rajaonarimampianina sera loin des tumultes de la Capitale et de ses ordures, et n’a pas à se soucier du délestage et de la hausse vertigineuse du coût de la vie en ces périodes de fêtes. C’est aussi le cas de le dire pour le prix des volailles, du riz, des légumes, et tout ce qui sont produits de première nécessité. Même la bûche de noël a pris un envol particulier et il ne faut surtout pas en vouloir aux pâtissiers puisque le prix des ingrédients a connu une augmentation phénoménale. D’ailleurs, il faut bien vérifier les achats notamment avec les farines périmées qui inondent actuellement le marché. Les bandits ne sont pas seulement ceux qui braquent les habitations et les lieux de travail mais il y a aussi ceux qui écoulent ce genre de produit dont la date de péremption est déjà dépassée. Eux, ils vendent plutôt le sésame pour l’entrée vers l’au-delà qu’on appelle aussi autrement : « marchands de mort » !
Les frais de transport régional et national ont aussi suivi cette courbe ascendante mais il faut comprendre les propriétaires de ces véhicules. Les routes sont dans un état épouvantable et rallier la ville d’Ambatondrazaka en passant par la route nationale 44, par exemple, est devenu un parcours de combattant.
En somme, la population est réellement dans la m… et à l’occasion de la fête de la Nativité, elle entend  faire monter droit dans le ciel des tonnes de prières en commençant par lui trouver celui qui le fera sortir de ce désert et de cette misère. Et à coup sûr, il ne se trouvera pas dans ce lot de candidats aux sénatoriales, ni parmi ceux qui seront désignés.

Jean Luc RAHAGA