L’année touche à sa fin et il ne reste en réalité à 2015 que quelques heures à vivre. Si on fait un survol vite fait de ces 12 derniers mois, les 95% de la population de Madagascar diront que ce fut 365 jours de galère pas possible et on aurait tout vu, même si on sait que 2016 pourrait réserver aussi de sacrés surprises.

On se rappelle aisément qu’on a commencé l’année par une nouvelle devise décrétée par le président de la République : celle destinée à l’assainissement et à l’hygiène ! C’était lors de la cérémonie de présentation de vœu qui s’est tenue au Palais d’Iavoloha. Sur ces points, le bilan est limpide : échec total ! Les mauvaises langues diront que même si le gouvernement organise 5 Rri pour l’année suivante, rien n’y fera, et d’ailleurs, les impacts de ces 2 Rri de l’année sont imperceptibles pour la population. Pour le compte de ces derniers 365 jours, les bornes-fontaines nouvellement créées se comptent sur les doigts d’une seule main, et ce, dans tout Madagascar et aucune pour la ville d’Antananarivo. Il faut comprendre que sans eau potable, il ne faut pas espérer la propreté qui commence par celle du corps d’abord. Avec le délestage qui sévit gravement ces derniers temps, et la vétusté des tuyauteries qui se trouvent sous terre pour la Capitale, de très nombreux foyers sont privés de branchement particulier et obligés de faire la queue devant les bornes-fontaines déjà surchargées de demandes à travers les longues files de bidons jaunes. D’un autre côté, on connait la capacité d’investissement de la Jirama, non seulement dans le secteur de l’électricité mais aussi pour les nouveaux branchements particuliers, puisqu’elle est nulle et sans aucun espoir. Les abonnés qui ont déjà payé la facture y afférente – il arrive souvent qu’elle est colossale – vont devoir s’armer énormément de patience car la situation de cette société va de mal en pis. On sait par exemple pour la Capitale, des milliers de maisons se sont déjà acquittés de la note salée mais sont dans l’expectative depuis des années. Pire, la Jirama ne joue même pas à cache-cache avec ses abonnés, elle n’en a tout simplement rien à f… tandis que les lettres de réclamation finissent toujours à la poubelle.

Ainsi, se nettoyer, rendre propre sa maison et son environnement immédiat dépendent  entièrement de cette société et dans ce cas, assainir une ville est tout simplement un défi national. Effectivement, il est impossible de curer les canaux d’évacuation d’eaux usées et d’eaux de pluie alors que l’eau, elle-même, manque. Tout comme il est impensable de combattre les feux alors que les citernes des sapeurs-pompiers sont vides. Certes, Antananarivo a l’avantage d’être entouré de rivières dont l’Ikopa, le Sisaony si le Mananara n’est pas très loin et surtout que la ville est assise sur une nappe phréatique, mais jusqu’ici, aucun avancement notoire n’est enregistré en matière d’assainissement et d’hygiène de la ville alors que les bornes-fontaines et les blocs sanitaires font cruellement défaut.

300 jours et quelques après cette déclaration du président de la République, la situation a tourné au vinaigre : non seulement, l’accès à l’eau potable est à oublier, mais la population vit dans de l’eau nauséabonde issue des milliers de tonnes d’ordures qui ne sont pas toujours enlevées. Cette eau n’est pas uniquement dans les foyers, elle est partout, dans les rues, les ruelles, et même  les escaliers qui font le charme de la Capitale. Tout comme les rats aussi et en cette saison de pluies, c’est toute une population qui envahit les quartiers de la ville, sans aucune exception, et le milieu rural.

D’un autre côté, la pauvreté a fait un grand bond à Madagascar et elle ne peut plus échapper aux yeux du monde entier. Dernièrement, une équipe d’une télévision française a fait le tour du pays pour relater les différentes manifestations de la pauvreté dans notre pays : prostitution infantile, abandon scolaire massif, « bidonvillisation » à outrance des villes, baisse significative du niveau de vie des 95%  de la population, …

Bref, le pays a fait une chute vertigineuse en une seule et unique année et tous les secteurs d’activités économiques sont aussi fortement touchés. En somme, 2015 est tout simplement une année de misère, sur tous les plans !

Jean Luc RAHAGA