C’est scandaleux et voilà un « kapoaka mangidy » que la population de la Capitale doit boire jusqu’à la lie ! La maire d’Antananarivo a déclaré que les ordures ne sont pas ses problèmes. Du coup, des voix s’élèvent et exigent sa démission.

C’est la première fois que la population de la Capitale a entendu une excuse aussi … insultante. Pire, en évoquant un décret datant de 2009, Lalao Ravalomanana vient de tirer au bazooka ses prédécesseurs, notamment Edgard Razafindravahy, Olga Rasamimanana et le Colonel Ramiaramanana Joseph puisque du temps de ces derniers, la lutte contre l’amoncellement des ordures était quasi-quotidienne. Et ce, sans avoir bénéficié des mannes financières venant de l’Etat. On se rappelle effectivement qu’au lendemain de la victoire d’Andry Rajoelina à la Mairie de Tanà en décembre 2007, les ordures ont jonché les trottoirs de la ville et on a su qu’elles étaient transportées par camions entiers durant la nuit. L’ordre venait de l’équipe de l’ancien président Marc Ravalomanana dont l’objectif était de donner une image négative au premier magistrat de la Capitale, à l’époque, et Andry Rajoelina a dû batailler fort pour nettoyer la ville. Bien sûr, ce dernier n’a pas pu bénéficier du soutien de l’Etat et pire même, le trésor municipal a été déclassé afin de mettre sous tutelle les recettes de la Commune urbaine d’Antananarivo.

Rom et Ifpb

Nommé président de la délégation spéciale de la ville d’Antananarivo en août 2009, Edgard Razafindravahy, lui aussi, n’a pas failli à sa mission première qui est de veiller au bien-être de la population de Capitale. Bien sûr, le Samva ou Service autonome de maintenance de la ville d’Antananarivo, bénéficiait à temps et toujours de son financement issu des redevances sur les ordures ménagères (rom) contenues dans l’impôt foncier sur les propriétés bâties, et ce, malgré le contexte difficile de la Transition et par conséquent, de l’inexistence des aides internationales, c‘est-à-dire de la précarité des ménages et de la faiblesse des revenus par foyer. Certes, durant les périodes de pluie, des efforts supplémentaires – donc des sacrifices – ont dû être réalisés puisque le volume des ordures augmente énormément mais c’est un fait connu de tous. En tout cas, ni l’ancien Pds, ni ceux cités plus haut, n’ont jamais baissé les bras et n’ont inventé aucune excuse pour se défiler de leurs responsabilités. Ce qui n’est pas le cas de la nouvelle maire élue cette année : « La Commune urbaine n’est pas du tout concerné par la gestion des ordures de la Capitale », a-t-elle déclaré, hier à l’Hôtel de Ville d’Analakely. Pour beaucoup, c’est  prendre les gens pour des c…, et se f… de la gueule de la population tananarivienne. Pire, son deuxième adjoint a avancé qu’il n’est pas normal que le Dg du Samva soit nommé en conseil des ministres. Et puis quoi encore !

Marque allemande

Depuis que Lalao Ravalomanana est à la tête de la Cua, il s’agit ici d’une énième raison pour ne pas faire son travail. C’est le cas par exemple avec les embouteillages monstres, donc la gestion du déplacement urbain, qui ont caractérisé singulièrement la période d’avant-noël de cette année. Apparemment, Madame le maire estime que c’est à la Police et aux 8 commissariats de police à Antananarivo de régler ce problème. Et que dire de ces rues et ruelles inondées d’eau et impraticables dès la première goutte de pluie. Effectivement, Lalao Ravalomanana n’en a jamais fait sa priorité le curage des canaux d’évacuation d’eaux usées et d’eaux de pluie, sauf pour montrer un camion de marque allemande qui, jusqu’ici, n’a pas fait ses preuves et une deuxième fois, pour faire du m’as-tu-vu à Soavimasoandro, dans le Vème arrondissement ! Beaucoup pensent que « Neny » n’hésitera pas à renvoyer la balle dans le camp de l’Apipa et celui du ministère des Travaux publics.

Mais il y a aussi le problème de gestion des risques et catastrophes dans la ville des mille et Lalao Ravalomanana a, maintes fois, brillé par son absence lors des différents incendies qui ont touché plusieurs foyers de la Capitale. Selon toujours le deuxième adjoint au Maire de la Capitale, l’ancien chef de Région d’Atsinanana, des pourparlers avec le Bureau national de la gestion des risques et catastrophes sont actuellement en cours et sûrement qu’à chaque fois, il faut donc attendre le Bngrc pour le soutien aux sinistrés.

Démission

Un autre point évoqué par le premier magistrat de la ville d’Antananarivo est le vote de l’organigramme de la Cua. C’est donc sa troisième proposition après les deux qui n’ont pas obtenu la validation de la Préfecture de police. Evidemment, cet organigramme est déjà décrié par les conseillers municipaux de l’association Freedom et de Lalatiana Ravololomanana. Du coup, les observateurs estiment qu’une fois encore, le même problème au niveau du contrôle de légalité refera surface mais cela n’a pas empêché Lalao Ravalomanana de procéder de suite à la nomination de ces adjoints.

Et selon un communiqué de presse d’une longueur d’une demi-page, en langue malgache, dans lequel les correcteurs du journal que vous tenez en main, ont décelé pas moins de 21 fautes ; le maire aura 3 adjoints mais le plus grand perdant reste Patrick Ramiaramanana qui est relégué à la dernière place. Ce dernier qui est un ancien Pds et ancien maire élu, n’aura à occuper que du développement du partenariat et par conséquent, ne prendra pas aux actions majeures à entreprendre au sein de l’institution.

Bref, la population va endurer le calvaire pour les 4 années à venir, d’où dans la nuit d’hier sur les ondes de radios de la Capitale, des voix exigent la démission de Lalao Ravalomanana ! Et pour information, on a avisé les journalistes présents lors de cette conférence de presse que les questions concernant d’autres sujets ne seront pas répondues par le Maire. En réalité, les gens du média ont assisté à un … monologue !

Luc Matthieu