Il ne se passe pas un jour sans que la presse relate des faits divers de plus en plus macabres. Les malfaiteurs ont en réalité un boulevard tranquille devant eux pour perpétrer leurs actes. Mais le bilan s’est gravement alourdi suite à l’opération « fahalemana ». En tout cas, le taux de mort violente a, pour une fois dans l’histoire de ce pays, dépassé celui de la mort naturelle ou encore celui de la mort par accident ! Voilà déjà un résultat du … « taom-pamafazana ».

L’assassinat précédé de viols de la petite Annie, une adolescente de 14 ans, a marqué un tournant décisif dans l’affaire de kidnapping des deux enfants d’Arland, un richissime opérateur économique qui a fait sa fortune dans l’exportation du bois de rose. Arnaud, l’autre otage qui a 17 ans, est toujours aux mains des ravisseurs qui voient leur marge de manœuvre se réduire d’heure en heure. Mais il reste que toutes les stratégies utilisées par les forces de l’ordre ont montré leurs limites qu’avant-hier, le procureur de la République du Tribunal de Toamasina a dû se résoudre à obliger les chefs de fokontany ainsi que les chefs de quartiers à se mouiller dans la surveillance de leur périmètre.
Cette affaire mérite d’être évoquée puisque des séries de kidnapping ont émaillé l’année qui s’achève ce jour dont certaines restent entières si d’autres n’ont pas été portées sur la place publique. Mais surtout, la population prend maintenant conscience de la barbarie des malfaiteurs et il ne se passe pas un jour sans que la presse relate des attaques à main armée, cambriolage, meurtre, …, et ils sont toujours sanglants.
Mais il n’y a pas que les bandits, il y a aussi et surtout des membres des forces de l’ordre. Dans les régions où se déroulait l’opération « fahalemana », les habitants ont déclaré qu’il vaut mieux faire face aux dahalo. Pour Bongolava, les Antandroy ont déclaré qu’on veut tout*** simplement tuer les membres de cette ethnie.

« Taona zina »
C’est dire que des dizaines, voire une centaine, de cas d’assassinat pur et simple et sans autre forme de procès ont été perpétrées par les forces de l’ordre. Si la société civile a dénoncé ces abus et meurtres, et ce, à plusieurs reprises, l’Assemblée nationale a dû même créer une enquête parlementaire pour l’affaire touchant le député Mara Niarisy, élu à Ankazoabo-Sud. Les Américains et la Communauté internationale ne sont pas en reste puisque le sujet est revenu sans cesse dans leurs discours officiels.
Ainsi pour la première fois dans l’histoire de Madagascar, le nombre de décès enregistré par mort violente a dépassé celui de mort naturelle et celui par accident. La statistique vient d’une organisation non-gouvernementale et tout le monde est atterré d’apprendre cette nouvelle. L’insécurité règne … tellement dans le pays et pire, les malfaiteurs ont la sensation d’avoir un grand boulevard devant eux. L’année 2016 se présente ainsi comme un … « taom-piotazana » – selon le terme utilisé par le président de la République – ou « taona zina » – selon les observateurs de la vie politique à Madagascar-, pour les bandits en tout genre, et non seulement pour ceux qui descendent sur le terrain pour perpétrer des actes criminels mais aussi pour les cols blancs et autres aux épaulettes étoilées, à boutons argentés ou dorés, sans oublier les membres de forces de l’ordre qui se servent directement auprès de la population. Bref, on est dans la m… jusqu’au cou !

J.L.R