Un duel de réactions à distance entre la « bande des 4 majors », les prélats des quatre religions chrétiennes classiques et la classe politique. Les religieux se sont abstenus de réconcilier entre eux les acteurs politiques, ces derniers ont snobé la cérémonie organisée pour répandre la « bonne réponse ». C’est qu’une partie de l’opinion et le microcosme politique prêtent à ce club des pères religieux un crédit de clairvoyance pour donner des indications lorsqu’il s’agit de dépatouiller une situation temporelle empêtrée dans des complications. Après une cure de silence observée par les religieux, on en a oublié leurs quelques  dérapages véniels précédents, et on pouvait hypothéquer qu’ils avaient recouvré de la hauteur et mis à profit cette traversée du désert pour mettre au point une solution résultat de leur profonde réflexion.
Les factions les plus influentes de la classe politique se sont abstenues d’honorer de leur présence la cérémonie du FFKM. L’expérience à défaut d’avoir blanchi ces femmes et hommes aux harnois de la réflexion et de la sagesse, leur a enseigné la ruse avec un instinct de survie dans une jungle où foi et loi constituent davantage un harnachement qu’à servir de règles de vie. Grâce à un flair développé ils ont pris le parti de paraître snober l’invitation en évitant surtout de se faire enguirlander pour leur incapacité à s’entendre. L’attitude des religieux laissait sans doute percer leur décision, pleins de mystère pour lever un tant soit peu le voile sur la conclusion à laquelle ils ont abouti ils ne se sont pas privés pour autant de répondre par une moue méprisante qui ne laissait présager rien de réjouissant.
Le bon peuple, bonasse et résigné, échaudé d’avoir trop souvent caressé des espoirs, ne se berce plus d’illusion. A la limite il manifeste une bonne volonté pour paraître croire tout ce qu’on lui raconte, mais attend de juger sur pièce pour s’enthousiasmer. Le grand public a manifesté une indifférence quant à ces passes d’armes entre « conducteurs de troupeaux et meneurs d’hommes », il se contente d’en attendre des résultats et laisse aux bien-pensants le soin d’apprécier le spectacle.
Et si d’aventure la population avait raison d’accueillir ces agissements avec réserve teintée de suspicion ? A défaut de pouvoir analyser selon les règles de l’art l’histoire récente qui dure, les gens font une somme des faits et événements qui s’accumulent et interprètent le tout à l’aide d’un bon sens primaire. Les résultats de telles réflexions ne sauraient se singulariser par de fines nuances, pour un grand nombre : ces gens sont indécrottables, la situation est bloquée, les médiateurs y ont épuisé toute capacité à imaginer des solutions, seul un miracle en viendrait à bout, cependant vaut mieux voir avant d’y croire.

Léon Razafitrimo