Les bergers – Contre toute attaque du diable, allant du fantôme au « Kalanoro »
Ils travaillent nuit et jour. Tout de blanc vêtus ou en tenue civile selon les circonstances, ils sont prêts à travailler et ceci sans rien demander en retour. Ils, ce sont les soldats du Christ.
Réveil et camp : En plein développement
Les origines et la diffusion du Réveil à Madagascar sont bien connues. L’épisode fondateur, toujours cité, est la conversion de Rainisoalambo. La scène se passe dans les années précédant la colonisation française, dans un petit village proche de Soatanana, obscure localité du Betsileo, une province qui occupe alors dans le royaume la place d’une région conquise et durement dominée. Rainisoalambo, devenu chrétien lors du mouvement qui avait poussé les foules vers les temples après la conversion de la reine en 1869, mais resté jusque-là un croyant tiède, vit une expérience bouleversante. Alors malade, appauvri et délaissé, il est touché par le message personnel de Jésus, qui lui apparaît en vision, et il renonce aux compromissions, rejetant en particulier tous les talismans qu’en tant qu’ancien devin-guérisseur, il avait conservés malgré son adhésion à la nouvelle religion chrétienne. Il guérit et, à la fin de l’année 1942, se consacre à la prédication, réunissant des disciples qu’il envoie porter l’Evangile de village en village, sur le modèle des apôtres – un modèle qui implique une évidente subversion de l’institution ecclésiale de l’époque, puisqu’il leur donne pour instruction de ne pas faire comme les prédicateurs des églises, qui prêchent le pouvoir de Jésus mais n’osent pas chasser les maladies et les démons. Le mouvement, ainsi caractérisé dès l’origine par la pratique de l’exorcisme, connaît le succès, mais d’abord surtout sur les marges, géographiques et sociales, de la chrétienté malgache.
Le Réveil a en effet suscité longtemps la réticence des pasteurs et de l’élite protestante instruite. Au cours de la première moitié du XXe siècle, trois autres centres sont venus s’ajouter à celui de Soatanana, fondés toujours dans des localités écartées – dont les noms mêmes étaient quasi-inconnus avant que le Réveil ne fasse leur célébrité – par des personnalités charismatiques. La dernière et la plus fameuse d’entre ces dernières a été Nenilava, prédicatrice, thaumaturge et prophétesse, active de 1941 à sa mort en 1998. Aujourd’hui, le mouvement a largement gagné les villes.
Toby
Aujourd’hui, le Réveil est une institution reconnue qui entretient, outre les quatre centres historiques rattachés chacun à l’un des fondateurs, des établissements permanents répartis à travers le pays. Ces centres sont maintenant parfois établis dans les villes ou tout près des villes. On les appelle « toby », ce qui veut dire camp ou campement. Dans la bible malgache, « toby » désigne les camps où les enfants d’Israël ont vécu lors de leur traversée du désert, entre l’Egypte et Canaan. Dans le « toby » se réunissent les chrétiens « réveillés », parmi lesquels se distinguent des personnes consacrées, qui ont reçu le ministère propre au mouvement. Ce sont les « mpiandry », dont la fonction est de prêcher l’Evangile mais aussi de chasser les démons, de guérir les malades et d’imposer les mains. « Mpiandry » est également un terme biblique qui signifie « berger » (comme Jésus qui est le Bon Berger, ‘ilay Mpiandry Tsara’, qui veille sur ses brebis).
Le « toby » reçoit aussi – c’est sa fonction principale – les personnes qui ont besoin de l’aide des bergers. Ce sont les malades qui viennent, généralement conduits par leurs familles, pour qu’on les délivre des démons qui les habitent et qu’on leur impose les mains. Les « toby » servent en outre de lieu d’hébergement et de soins des malades, le plus souvent mentaux.
Les « mpiandry », eux, s’occupent des « asa sy fampaherezana » : au premier volet « asa » qui est comme on vient de le voir l’exorcisme proprement dit, s’ajoute le fampaherezana, le renforcement ou la confirmation.
Exorcisme : savoir frapper à la bonne porte
Par leurs actions, les soldats du Christ montrent que leur Dieu est un Dieu puissant. Les missions qui leur incombent reposent principalement sur la foi.
Lors de la retraite pastorale qui s’est déroulée dans le District d’Ambatolampy dans les années 80, les pasteurs et « mpiandry » de la FJKM ont fait un face-à-face avec les « mpimasy » (devins) du village. « A côté de l’Eglise, il y avait un arbre qui danse et qui a comme une langue vivante. Les « mpimasy » et une partie des villageois l’honoraient, ils font des rituels tout près de l’Eglise. Lors de cette retraite pastorale qui a réuni plusieurs pasteurs, il a été décidé de faire un face-à-face avec ces « mpimasy ». Lors de leur partie, les « mpimasy » ont vénéré l’arbre mystérieux qui n’a cessé de danser et de montrer sa soi-disant langue. Les rituels des « mpimasy » terminés, vint notre tour. Tous les pasteurs se sont tendu la main en faisant un cercle autour de l’arbre. Nous avons commencé par la prière, moi en premier. Chacun de nous avons prié avec foi. Le premier tour terminé, la chaîne de prière arrive à nouveau à mon tour, l’arbre tomba », raconte le pasteur Henri Solo Razafindramanitra. « L’on a vu au-dessus de l’arbre plusieurs ossements. Les ‘mpimasy’ ont reconnu leur défaite, nombreuses personnes du village se sont reconvertis », poursuit le pasteur Henri Solo Razafindramanitra qui, soit-dit en passant, est un ancien pasteur de la FJKM Namontana Fialofana, actuellement en retraite.
Kalanoro
« Des personnes sont venues ici, se plaignant qu’un ‘kalanoro’ ne cesse de les harceler. D’après cette dame, elle allait travailler du côté d’Ambatomirahavavy. Arrivée sur place, elle trouve devant elle une superbe villa. A l’intérieur, l’époux de la maîtresse de maison est paralysé sur un lit. A côté, la maîtresse de maison et une petite femme – presque naine – avec une longue chevelure et qui ne parle pas. Vue cette situation, la jeune femme n’est pas très enthousiaste de travailler dans la propriété. Elle demanda alors à la maitresse de maison d’accepter sa démission, mais celle-ci refusa. La jeune femme a quand même quitté cette maison malgré le refus de la maîtresse de céans. Après avoir quitté Ambatomirahavavy, la mystérieuse petite femme l’a poursuivie jusqu’à Analakely. Elle demanda à la jeune femme de ne pas quitter la maison mais celle-ci refusa, elle lui demanda alors de lui donner des présents. Au début, la jeune femme a accepté de lui donner ce qu’elle demandait, mais plus elle donnait plus la « kalanoro » – car c’en est une – demandait davantage et notamment de l’or. A court de moyen, elle a demandé de l’aide », raconte le Pasteur Oréline Razafiarivony. « Nous avons commencé le travail. Le principal objectif pour le ‘mpiandry’ n’est pas tout simplement de soulager ou guérir une personne d’une maladie ou d’un quelconque problème mais de lui montrer la voie du Seigneur et le salut offert gratuitement par le Christ », ajoute le pasteur. Après des séances de prière, d’enseignement spirituel, cette « mpiandry » a formellement interdit à la jeune femme de donner quoi que ce soit à la « kalanoro ». Cette dernière a encore renouvelé sa demande et ce en baissant la valeur des présents. La jeune femme refusait à chaque fois. C’est alors que la « kalanoro » l’a menacée de lui enlever sa vie, ce pour le 25 juin. « La jeune femme est venue ici, nous avons fait des séances de prière. J’ai encore réitéré ma recommandation, c’est-à-dire qu’elle ne donne rien à cette soi-disant ‘kalanoro’. Mais quelques jours plus tard, nous avons rendu visite à la jeune femme, elle et ses proches étaient sur le point de céder et de donner des présents à la ‘kalanoro’. Nous sommes arrivés à temps. Le jour du 25 juin, nous nous sommes rendus au domicile de la jeune femme. Elle a sauté de la véranda, qui est assez haut placée. Nous l’avons rattrapée de justesse. Le travail commença. Après cette date, la ‘kalanoro’ n’est plus revenue. La Jeune femme est libérée ».
Fantômes
Dans le District de Tsiroanomandidy, une jeune femme pasteur constate qu’une rizière est restée en jachère. Elle demande la raison pour laquelle la population a laissé la rizière reposer. La population annonce alors que l’on n’arrive pas à y planter du riz. Personne n’arrive à travailler cette rizière. La jeune femme pasteur décide alors de chasser les mauvais esprits qui hantent les lieux. Ce fut un grand événement pour la population d’Ambalanirana, qui est venue en masse assister à la chasse aux mauvais esprits. « Nous avons décidé que le menu pour la journée sera composé de riz et de viande de porc. Les quelque « mpiandry » sont venus sur les lieux où une grande foule est déjà présente. Nous avons commencé le travail avec des séances de prières et des lectures de la Bible sur le fondement de notre travail. Après le travail, l’on a vu une tornade qui a commencé en haut de la rizière jusqu’en bas. Après cette tornade, il n’y eut plus rien. Nous avons pris la bèche et travaillé la terre à la stupéfaction de la population. L’Eglise a demandé à ce que le terrain soit attribué aux « fifohazana » (fidèles du Réveil). Le soir, j’ai vu un petit bonhomme débout au bord de mon lit. Il n’a rien dit, il est resté là debout. Je ne me suis pas préoccupé de lui. Je faisais ce que je dois faire. Chaque soir, ce petit bonhomme est venu au bord de mon lit. Puis, un jour, j’ai dû faire des séances intensives de travail sur une personne qui a besoin d’être réconfortée. Après cette séance, je n’ai plus vu le petit bonhomme », raconte la femme pasteur.
Des démoniaques dangereux
« Il arrive que l’on rencontre des démoniaques dangereux. Nous prenons nos précautions face à des violences perpétrées par ces démons », annonce Oréline Razafiarivony. Notons que la majorité des bergers sont des femmes. « Les précautions sont pour notre sécurité et aussi pour la sécurité du malade », ajoute notre interlocutrice. A part les violences, les démons peuvent aussi grogner et le malade parle alors avec une voix caverneuse qui n’est pas la sienne mais celle du démon qui est à l’intérieur de lui. Concernant la bellicosité des démons, le Pasteur Oréline Razafiarivony annonce que les démons tentent souvent d’attaquer les « mpiandry ». Parfois en pleine séquence de travail pour libérer les démoniaques, l’on sent des frissonnements. « Mais notre Dieu nous a donné un fort pouvoir et l’on ne devrait pas avoir peur des démons », ajoute notre interlocutrice. Selon ses dires, nombreuses personnes qui étaient auparavant des démoniaques occupent actuellement des postes à responsabilités et qui ont leur place au sein de la société. Certains d’entre eux servent Dieu dans les missions d’évangélisation ou sont devenus des bergers.
« Ces cas sont des exemples comme tant d’autres. Il n’y a pas de cas spécifique », annonce le Pasteur Arijaona Rakotonandrasana, premier responsable du Safif (Sampana Fifohazana FJKM). Selon ses dires, le démon peut entrer dans une personne de 3 manières. Soit la personne a choisi de travailler avec le démon, soit elle a détenu des amulettes, soit encore une tierce personne a jeté des sorts sur la personne possédée », explique le Pasteur Arijaona Rakotonandrasana. « La prévention consiste en la prière et la communion avec Dieu, soyez sur vos gardes », ajoute notre interlocuteur. Concernant les personnes qui prétendent savoir chasser les démons, le Pasteur Arijaona Rakotonandrasana annonce que « la mission des enfants de Dieu est de détruire les œuvres du diable ». Ce dernier souligne notamment que le « Fifohazana FJKM » travaille étroitement avec les médecins. « Il y a des maladies d’origine médicale dont Satan pourrait profiter. Dans des ‘toby’ FJKM, il y a même des dispensaires et des médecins », souligne-t-il. Notons qu’il y a près de 39 « toby » FJKM dans tout Madagascar.
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