Le budget primitif de la Commune urbaine d’Antananarivo a été bel et bien voté la semaine dernière malgré l’ahurissement de la population de la Capitale toute entière et la véhémente opposition des conseillers municipaux qui ne sont pas du même bord que l’actuelle mairesse. En principe, dès que remarques et observations sont émises, cela doit freiner, ne serait-ce qu’un petit temps, la prise de décision puisqu’il faut en prendre compte. Enfin, pour des gens censés. Et pire, s’il s’agit de refus, même venant d’une partie minoritaire de l’ensemble d’un composant. Mais on connaît le couple … ex-présidentiel, tous les deux n’en font toujours qu’à leur tête et imposent même la cadence.

Désormais, Lalao Ravalomanana peut engager une dépense à hauteur de 97 milliards d’ariary pour cette année. Ce qu’il faut savoir en premier, c’est que la somme équivaut à 3 années de budget normal de la Cua, et pire même, les réalisations de ces quatre dernières années n’ont jamais dépassé les 25 milliards d’ariary. C’est tout à fait compréhensible dans la mesure où la situation socioéconomique est devenue plus difficile que jamais et il est impossible d’imposer à une des populations les plus pauvres de la planète une pression fiscale élevée, de l’ordre de plus de 15%. Mais apparemment, la nouvelle magistrate de la ville ne l’entend pas de cette oreille, d’où la hausse de 100 à 500% de tous les papiers administratifs de la Cua et autres taxes à payer, selon ce budget 2016, à commencer par le coût de l’obtention de la copie de naissance et celui de la certification de conformité aux pièces originales, jusqu’à la taxe de roulage en passant par les permis de construire. De nouvelles taxes sont même inscrites et tant pis si elles sont contraires à la loi, telles celles pour le mariage et pour le « famadihana » ! Evidemment, tout cela ne suffira pas à atteindre cette sommité de 97 milliards d’ariary, jamais égalée de tout temps, même sous le règne de son mari qui était à la tête de la Capitale de 1999 à 2002. D’où la dénonciation par des conseillers municipaux de l’association Freedom et des partis Unrrm et opposition de l’emprunt de 60 milliards d’ariary, et ce, bien sûr que pour cette année uniquement.
Et puisque Lalao Ravalomanana est autorisée à  cette folie – qui n’en est pas une pour elle puisque selon ses dires, cela ne fait que 22 millions d’euros, comme si elle a toujours vécu en Europe ( !) -, elle peut recruter tous les militants du Magro Behoririka, et même tous les employés du Magro – tout court –et du groupe Tiko ainsi que tous les autres membres du parti Tim, du moins les lambeaux qui en restent dans les 5 autres provinces de Madagascar. Et c’est bien le cas de le dire puisque si on enlève le salaire des agents de la Cua, il en reste suffisamment pour payer ce beau monde cité supra. Pour ce qui est du budget de l’investissement, on sait que l’actuel maire n’en a vraiment rien à f…, sauf pour son bureau situé dans une très grande salle pouvant accueillir plus de 250 personnes et qu’on appelle : « salon d’apparat » ! Et oui, c’est encore une fois le cas si on se réfère au bilan de 3 mois de travail de la femme de l’ex-président de la république. Pour les ordures d’Antananarivo par exemple, Madame le Maire a bien spécifié que ce n’est pas son problème mais c’est celui du Samva, sous tutelle du ministère de l’Eau. C’est aussi le cas de la réfection des 200 km de routes de la ville des mille et de son entretien et carrément, elle a renvoyé la balle à l’Autorité routière de Madagascar et au ministère des Travaux publics. Pour ce qui est du curage des canaux d’évacuation d’eaux usées et d’eaux de pluie qui restent jusqu’ici complètement bouchés, ce n’est pas son affaire mais c’est celle de l’Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo ou l’Apipa. La démonstration d’un camion allemand pouvant … sucer les immondices et déchets dans ces canaux, faite par Madame le Maire, était juste effectuée pour se faire un peu voir par la population. D’un autre côté, on sait que la gestion des parkings a été octroyée à une société privée et malgré les divergences étalées en public et ayant entraîné la très grande difficulté financière d’une grande société – c’était lors du règne du Pds le Colonel Ramiaramanana -, Lalao Ravalomanana a bel et bien validé le projet et d’où l’enlèvement des épaves et des voitures récalcitrantes. Justement sur ce point, beaucoup ont constaté ces derniers jours que la Préfecture de police d’Antananarivo délivre, elle aussi, des autorisations de parking. Pour les 4’mis qui inondent le centre-ville, cela n’entre non plus dans ses attributions et laisse le ministère de la Population s’en charger.
Bref, la Cua ne s’occupe plus de rien et du coup, beaucoup se demandent sur l’utilisation des  60 milliards d’ariary que l’institution va emprunter. Mais une question essentielle mérite d’être posée : qui sont assez fous pour faire confiance aux actuels détenteurs du pouvoir de la Cua ? Dans le passé, qui finalement n’est pas aussi loin, et ce durant ses 7 ans de règne, Marc Ravalomanana a tout pris : les milliers d’hectares et l’usine de Vohidiala Ambatondrazaka, et entre autres la minoterie du Port de Toamasina, le terrain d’Andohatapenaka. Ce dernier a même voulu habiter le Palais de Manjakamiadana et a fait enlever les dépouilles des rois et reines pour les transférer à Ambohimanga par voiture fourgonnette 3cv ! Apparemment, l’homme a trouvé que Faravohitra n’est pas assez haut pour sa personne. Mais on sait que des bailleurs, ce n’est pas ça qui manque d’autant que l’homme peut y faire appel avec son … « sioka tokana ». Et comme les usuriers savent à qui s’en tenir, ils ne vont pas se gêner d’exiger plus de 10 fois de la somme demandée et ce ne sont pas les infrastructures de Tiko et de Magro à Antananarivo et dans les provinces qui seront mis dans la balance. Ainsi s’ouvre la grande braderie de la Capitale où les stades municipales de Mahamasina et d’Alarobia, les jardins d’Andohalo, d’Ambohijatovo, d’Antanimena et d’Anosy, ainsi que les autres infrastructures – même l’Hôtel de ville d’Analakely qui, rappelons-le, a été reconstruite par  leur ennemi juré Andry Rajoelina -, seront mis en jeu. La population tananarivienne et le régime tout entier sont maintenant avertis de ce projet diabolique du couple Ravalomanana.

Jean Luc RAHAGA