Depuis le dernier trimestre de l’année 2015, le nombre élevé de kidnappings enregistré témoigne clairement de l’insécurité grandissante et de l’existence d’un groupe d’individus aux méthodes d’enrichissement douteux, communément appelé mafia. Depuis toujours, les têtes pensantes et commanditaires de ces kidnappings sont réputés ne pas craindre la justice et posséder leurs entrées privées dans les couloirs du pouvoir. Dans l’affaire du kidnapping de Toamasina, l’implication de la Présidence dans le transfert des détenus fait aujourd’hui polémique à tel point que le projet du ministre de la Sécurité publique pour cette année 2016 paraît juste comme de la poudre aux yeux pour étouffer encore plus l’affaire. En effet, le directeur de cabinet de ce ministère, le Commissaire Rostand Rabelazao a confié que le ministre actuel ambitionne de démanteler entièrement le réseau du kidnapping dans tout Madagascar d’ici l’année prochaine. L’intention du ministre est certes louable mais il faut se demander si elle est réellement réaliste et réalisable. Concrètement, ce réseau est certainement composé d’une centaine d’individus et il ne serait pas étonnant de constater la présence de personnes au pouvoir dans l’organigramme à cause ou grâce à la corruption. Dans les grosses affaires de ce genre, il ne faut donc pas s’attendre à ce que les gros poissons tombent dans les filets.

Terrain de jeu de la corruption

Le Commissaire Rostand Rabelazao, directeur de cabinet du ministère de la Sécurité publique maîtrise certainement le sujet des kidnappings mais sa confidence sur les projets du ministre pour cette année laisse perplexe. Une fois encore, les dirigeants de ce pays prouvent leur penchant pour les promesses au détriment des actions concrètes et réalistes. Depuis leurs tout début, les tenants du pouvoir n’ont cessé de scandé l’application de la Tolérance Zéro pour mettre fin aux différents trafics, à la corruption et la recrudescence de l’insécurité. Mais contrairement à leurs attentes et espérances, cette stratégie n’a pas encore payé jusqu’à maintenant et tout ne fait au contraire, que s’aggraver et s’empirer. Maintenant, le projet de démantèlement total du réseau des personnes impliquées dans les actes de kidnappings semble déjà voué à l’échec pour la simple raison que les forces de l’ordre en pleine chasse à l’homme ont sans doute reçu les ordres d’éliminer les suspects qui pourraient déranger. Si le ministre souhaite réellement concrétiser son projet d’ici la fin de l’année, il sera obligé de faire le ménage à plusieurs niveaux mais sera pourtant stoppé net par des personnes plus haut placées.

Laza Marovola