Fin de la semaine dernière, la vingtaine de prévenus dans l’affaire relative au kidnapping du fils d’un opérateur économique dans le Grand Port de l’Est ont tous été transférés dans la Capitale, sous bonne escorte. En effet, des émissaires de la Présidence de la République ont pris le problème à bras le corps afin d’offrir un environnement de travail plus favorable aux enquêteurs, selon la ministre de la Justice en personne qui avait défendu ce transfert. En principe et selon un code assez simple, une affaire de ce genre doit être confiée à la juridiction du lieu du crime. Si le transfert de détenus reste jusqu’à aujourd’hui une mesure exceptionnelle partout dans le monde, il y a lieu donc de souligner que certains individus ont eu intérêt à se saisir de l’affaire pour s’en occuper personnellement. Il est maintenant plus facile de comprendre pourquoi le Syndicat des Magistrats de Madagascar (Smm), dont certains membres sont soupçonnés d’être impliqués dans le kidnapping, est revenu à l’assaut en dénonçant ce transfert des détenus de Toamasina vers la prison d’Ambatolampy, selon les dernières précisions. Le secrétaire général de ce syndicat a précisé hier sur les ondes que les procédures légales pour le dit transfert n’ont pas toutes été respectées. Sans désigner qui que ce soit, le message des magistrats est clair : « qui est le responsable ? », a martelé cette personnalité qui demande à avoir des explications dans les plus brefs délais.

Conflit entre corps corrompus

Ce dernier a aussi exprimé hier que cette affaire relative au kidnapping de Toamasina était clairement un problème social et non politique, comme certains voudraient le faire croire. Pourtant, lorsque les envoyés spéciaux de la Présidence de la République s’impliquent personnellement dans une affaire de cette envergure, la majorité de la population n’a aucun mal à y voir des dessous politiques. Ce début d’année est déjà très mouvementé et ce conflit avec les Magistrats s’annonce de mauvais augure tout en risquant de faire encore d’autres vagues. A l’heure actuelle, on ne sait pas exactement quels sont les intérêts des personnes proches de ce dossier mais on n’a aucun mal à deviner que d’un côté, certains veulent étouffer l’affaire pendant que d’autres souhaitent faire éclater la vérité. Dans cette affaire, même si certaines personnes ont essayé de se blanchir, il ne faut pas ignorer l’ampleur de la corruption qui, selon l’Afrobaromètre 2015, concerne essentiellement les forces de l’ordre et la justice.

Laza Marovola