Un des grands partis de ces trois dernières décennies voit son unité voler en éclats depuis peu de temps. Il s’agit du Leader-Fanilo qui, à l’instar de ses aînés, ne peut plus se retenir en public et les parties ne peuvent plus se communiquer que par presse interposée. De ces histoires de schisme, le peuple malgache en connait des milliers : du temps de la colonisation par exemple, c’était le cas du mouvement démocratique pour la rénovation de Madagascar (Mdrm). Si on fait un saut vite fait dans la deuxième république, même le parti au pouvoir a connu aussi diverses tendances dont les plus connues sont l’Arema d’Ambohitsorohitra et celui d’Isoraka. A la fin de cette ère et emporté par le vent de la démocratie, le pays a connu l’Akfm-Kdrsm de Gisèle Rabesahala et l’autre Akfm Fanavaozana du Pasteur Andriamanjato. Bien sûr, le premier ayant toujours soutenu l’Amiral rouge a sombré et a complètement perdu son lustre. Actuellement, ce parti n’a plus participé à aucune des élections de ces dernières années, à savoir les présidentielles, les législatives, les communales, les municipales et les sénatoriales. A coup sûr, il sera aussi absent lors des prochaines régionales et provinciales. C’est le cas aussi pour d’autres partis qu’on pensait renaître de leurs cendres lors de ces  transitions que Madagascar a connues ces deux dernières décennies : celle de 1996 dirigée par Norbert Lala Ratsirahonana ou encore celle de 2009 d’Andry Rajoelina. Il s’agit par exemple de l’Undd de Zafy Albert qui a pu caser des ministres, un chef de région inamovible – celui de la Sava – et même un secrétaire général à la primature. Par la suite, ce parti a disparu du … radar et ses postes honorifiques n’ont pas pu cimenter la division laissée par l’ancien premier ministre Emmanuel Rakotovahiny et le ministre des Finances de l’époque, feu Jean-Claude Raherimanjato.

La même maladie atteint depuis la fin de l’année dernière le parti de Herizo Razafimahaleo qui, pour la première fois de son histoire, a quand même réalisé une performance unique : occupé le fauteuil du président de l’Assemblée nationale ! Mieux, Jean-Max Rakotomamonjy, président en exercice ou suspendu, c’est selon, a pu faire élire sa … femme comme sénateur de la province d’Antsiranana. D’où justement l’objet de la discorde entre le bureau et le conseil d’orientation du Leader-Fanilo. Et depuis le milieu de cette semaine, le linge sale est de plus en plus étalé en public puisque le bureau a sorti un communiqué spécifiant que les dirigeants restent en activité. En réponse, c’est la section « jeunesse » qui donne la leçon : « En réponse au communiqué paru dans nombreux quotidien affirmant la non-dissolution du bureau national du Leader Fanilo, le Coordonnateur national de la jeunesse Leader Fanilo, Heriniaina Mahosindrahaja dit Babala, met les points sur les « i » et accuse Jean Max Rakotomamonjy de ne pas être démocrate. Ce dernier et son équipe auraient dû accepter la décision du conseil d’administration, c’est la moindre des choses d’autant que le parti est régi par un statut et tous doivent se conformer aux décisions prises. Selon le conseil de discipline, le bureau national de coordination est suspendu et les membres fondateurs dirigent provisoirement le parti. Ces derniers procèderont bientôt à la mise en place d’un bureau national de coordination provisoire pour préparer le prochain conseil national ». Mais comme toutes les histoires des partis politiques à Madagascar, mais aussi en Afrique, la rupture est définitive même si certains ne veulent pas encore y croire et désormais, le Leader-Fanilo rejoindra la longue de liste de ces formations éclatées en mille morceaux. C’est le cas par exemple du groupement créé par l’ancien président de la transition au lendemain de l’accession au pouvoir de Hery Rajaonarimampianina. On sait qu’actuellement, il n’en reste plus grand-chose qu’un dernier carré même si Andry Rajoelina est toujours adulé par une grande partie de la population.

Bref, rien n’a encore changé ici bas, tout est question d’intérêt.

Jean Luc Rahaga