Depuis quelques jours, la majorité de la population de la Capitale a clairement pu constater un énorme et important déploiement de force pour assainir le centre ville. Après que les marchands ambulants et autres vendeurs de rues ont été expulsés de force et depuis que ces dizaines de bonhommes tout de vert vêtus essayent de gérer la circulation afin d’essayer de préserver une fluidité constante, les automobilistes doivent être contents. Pour cause, certains axes réputés pour la durée des embouteillages sont aujourd’hui généralement libres même si à certaines heures, elles sont encore bloquées parce qu’on n’y peut rien. Pourquoi ? Parce que la totalité du réseau routier de la Capitale ne suffit plus à contenir toutes les voitures, dont les acquisitions augmentent constamment. Aujourd’hui, les chauffeurs et leurs passagers ne rouspètent ni ne jurent aussi souvent qu’avant, se réjouissent d’une rue ou d’une avenue inoccupée. Autrement dit, ils sont satisfaits des mesures prises par la Commune urbaine dans la mesure où cette dernière a répondu à leurs attentes. C’est là que le bât blesse dans la mesure où ces rues et avenues où la circulation est assez fluide ne font pas que des heureux. Pour le comprendre, il y a lieu de souligner ou de rappeler que les marchands de rue ont aujourd’hui perdu leur seul gagne-pain. Comme tout le monde, ces personnes ont besoin de trouver de l’argent pour essayer de survivre dans le contexte difficile du pays mais il se trouve que depuis quelques jours, ils sont littéralement au chômage même si avant, ils étaient déjà officiellement des chômeurs. Depuis toujours, la commune et les marchands jouent constamment au chat et à la souris mais cette fois -ci, il semblerait que le chat ait pris le dessus. Pauvre marchands pauvres. Plus de 90% de la population vivent avec moins de deux dollars par jour et maintenant, on peut être sûr que beaucoup vivent de ce chômage masqué, vendant des paires chaussettes, des chouchous, des légumes ou des fruits et aussi des sachets en plastique. Jusqu’à l’heure actuelle, aucun dirigeant de la Commune n’a réussi à trouver une solution durable pour ces marchands qui sont perpétuellement interdits et ballotés ici et là sans offres de place fixe et populaire. Pourtant, le cas de ces derniers est certainement plus urgent et plus important que les besoins des automobilistes souhaitant rouler tranquillement sans avoir à s’emmerder par des embouteillages monstres. En effet, pendant que ces personnes roulent dans le confort de leur voiture ou du taxi, des dizaines voire des centaines de marchands de rue doivent rester des dizaines d’heures au soleil, la tête au niveau des fesses des piétons, le bébé roupillant sous l’étal de fortune pour gagner un peu d’argent. Les responsables de la Commune sont clairement en train de favoriser une catégorie bien définie de citoyens plus ou moins aisés et de délaisser complètement la majorité dont la situation est sérieusement précaire. Il y a visiblement eu un problème au niveau de l’établissement et de la définition de la liste des priorités à des années lumières de la réalité. En plus des conseillers municipaux de l’opposition qu’ils essayent déjà d’écarter de toutes les décisions par tous les moyens, le premier magistrat de la Ville des Mille et son équipe ont aujourd’hui la majorité des Tananariviens à dos. Il ne s’agit pas seulement des marchands de rue mais aussi des simples citoyens qui se plaignent de l’entassement des ordures. Les automobilistes ne sont pas en reste parce que même s’ils sont satisfaits de la fluidité de la circulation, ils continuent de rouler sur des routes en piteux état causant des dégâts importants. Les tananariviens sont dans de beaux draps parce que les premiers responsables de la Commune sont incapables de prendre de bonnes et sérieuses décisions. Et malheureusement, les dirigeants plus haut placés n’agissent pas pour arrêter ce massacre alors qu’ils pourraient facilement trouver les motifs nécessaires pour remplacer le maire par un président de la délégation spéciale. Pauvre de nous.

Laza Marovola