Le Chef de la juridiction de Toamasina, le juge Jules Randriamanantena, est sorti du silence et remet à sa place le Syndicat des magistrats de Madagascar (Smm) : « C’est une honte pour le corps des magistrats de se trouver à la Une de tous les quotidiens pendant des jours pour avoir accusé à tort les journalistes d’avoir publié des informations non-avérées. Avec un peu d’intelligence, les membres de ce syndicat auraient dû s’informer davantage et attendre un peu avant de s’opposer inutilement avec les gens des médias. Aujourd’hui, le mal est fait et c’est le corps tout entier qui en paye le prix », a-t-il déclaré. Pour rappel, les premiers responsables du Smm sont arrivés jusqu’à menacer d’emprisonnement les journalistes tout en leur exigeant une excuse publique lorsque ces derniers ont publié qu’un magistrat serait en lien avec l’affaire  kidnapping d’Arnaud et d’Annie à Toamasina. Quelques jours plus tard après la libération d’Arnaud – Annie étant assassinée par les ravisseurs des semaines auparavant -, c’est le coup de théâtre puisqu’un juge de la Cour d’Appel de Toamasina a été arrêté et transporté illico à Antananarivo pour se faire placer sous mandat de dépôt à la prison de Manjakandriana. C’était  la ministre de la justice elle-même et la Cour Suprême qui ont autorisé son arrestation et tout s’est déroulé dans le secret le plus absolu pour que le magistrat soupçonné en question n’ait pas eu le temps de réagir. De ce nouveau rebondissement, le syndicat des magistrats de Madagascar a réagi et non de la manière de ce que tous imaginaient. Il est clair que tant que le procès y afférent ne touche à sa fin, on ne peut pas parler que l’inculpé ait réellement commis un délit ou un crime.

Au-dessus de la loi
Evidemment, tous le savent, y compris les journalistes qui ont toujours su faire la différence entre ces deux étapes du processus judiciaire. D’un autre côté, le quatrième pouvoir a toujours soutenu les efforts du ministère de la Justice et en particulier, ceux du syndicat des magistrats, notamment dans les actions menées dont le but est de redorer le blason de ce corps des magistrats à Madagascar très malmené par les statistiques nationales et internationales. Du coup, beaucoup n’ont pas compris la soudaine averse de fureur du secrétaire général de ce syndicat des magistrats de Madagascar contre les journalistes puisqu’on sait qu’à Toamasina aussi, et c’était lors de la conférence de presse tenu par le Procureur de la République accompagné du père d’Arnaud au lendemain de la libération de ce dernier, la même menace d’emprisonnement a déjà été proférée.
Pour en revenir à la déclaration de Jules Randriamanantena, ce dernier évoque l’existence de juges qui se croit être au-dessus de la loi : « Ils se permettent de menacer ceux qui remettent en cause leurs intérêts et pourtant ces juges sont  soumis au serment de la magistrature avant de prendre fonction ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant si la justice figure parmi les secteurs les plus corrompus à Madagascar : « Il est temps de faire une réflexion pour que la situation ne s’empire pas », a-t-il conclu. Effectivement, peu sont ceux qui accordent encore leur confiance à la justice et seuls ceux disposant des moyens financiers conséquents en ont droit tandis que les pauvres n’ont jamais pu mériter la clémence.

J.L.R – Ralambomamy