Le premier mois touche déjà à sa fin et si on dresse un bilan sommaire de ces 30 premiers jours de cette année bissextile, beaucoup diront que rien ne s’est amélioré dans leur quotidien. Et pourtant pour un mois de janvier, destiné généralement aux diverses présentations de vœux et aux rencontres familiales, il est passé très vite mais en même temps, rien de concret  n’a été constaté par la majorité de la population.
C’est bien le cas de le dire puisque la proclamation du résultat des élections sénatoriales qui se sont tenues 2 jours avant la fin de l’année dernière, n’a intéressé personne et tout juste si tout le monde a jeté un regard sur le fait qu’un officier supérieur de la gendarmerie en la personne du Colonel Lylison figure dans la liste de ceux qui vont siéger au Palais de verre d’Anosikely. Ce dernier était plutôt connu par des interventions musclées du temps de la transition. Pour le cas de l’élection de l’ancien Premier ministre Kolo Roger, le premier de la quatrième République et des deux autres ministres de la transition, à savoir Olga Ramalason et Rina Andriamandavy, ces nouvelles sont passées quasiment inaperçues, même des plus accros de l’information. Rappelons quand même en passant que le premier était élu sous la bannière du parti au pouvoir si les deux derniers ont toujours été des caciques de l’ancien président de la république Marc Ravalomanana. En tout cas, le rapport de force au sein du nouveau Sénat n’intéresse toujours pas le petit peuple et déjà les observateurs estiment que l’institution ne servira qu’à valider les projets de l’Exécutif.
Ainsi, la fin du calvaire d’Arnaud reste l’unique nouvelle de ce mois de janvier et désormais, l’affaire est traitée de manière que la politique et le fait divers – selon l’angle journalistique – s’en mêlent de très près. Trop près même puisque la décision présidentielle de transférer, et les dossiers judiciaires, et ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de ce kidnapping, n’a pas plu à certaines catégories de personnes. En tout cas, cela a permis l’arrestation d’un magistrat travaillant à la Cour d’appel de Toamasina et sa mise en détention provisoire à la prison de Manjakandriana. Evidemment, cela  n’a pas pu se faire sans l’aval de la Cour suprême et du ministre de la Justice. Pour ce qui est de la tension entre le syndicat des magistrats de Madagascar et la presse, due notamment à la publication d’informations, justement, relatives à la participation d’un magistrat dans cette affaire de kidnapping qui, comme nous l’avons mentionné supra, s’est terminé par la libération d’Arnaud mais aussi par l’assassinat de sa petite cousine Annie, quelques jours auparavant. Bref, ce fut un mois mouvementé pour le monde judiciaire malgache et apparemment, ce n’est pas encore prêt de se terminer puisqu’à la fin de la semaine dernière, des journalistes ont été aussi convoqués par la Brigade criminelle de la police nationale.
Sur le volet social, l’eau était très présente dans la partie nord-ouest du pays mais aussi dans la région du Bezanozano. A Mampikomy, Port-Bergé, jusqu’à Ambato Boeny en passant par Ambondromamy, des villages entiers se sont retrouvés sous l’eau et si on fait état de trois morts lors de ces intempéries, des milliers de bêtes ont aussi péri tandis que la route nationale numéro 6 a été impraticable durant des jours. En quelques heures, la Région de la Sofia a enregistré des milliers et des milliers de sinistrés qui ont tout perdu : toit, activités, récoltes, … mais malheureusement, le soutien de l’Etat, par le biais du bureau national pour la gestion des risques et catastrophes, n’a pas suivi et n’arrivait pas à la cheville de l’ampleur des dégâts. Pire, les crocodiles du parc national d’Ankarafantsika sont aussi de la partie et n’ont pas hésité à côtoyer les humains mais bien sûr, pour être leurs proies. Evidemment, l’unique moyen de circulation reste la pirogue, tout comme c’était le cas pour la Région de l’Alaotra Mangoro. Dans la partie du Bezanonzano, ce moyen de locomotion a fait une vingtaine de morts et une douzaine de blessés. Des familles entières ont ainsi péri dans le drame. Mais l’eau a aussi été bien présente dans la capitale pour que finalement, la population tananarivienne a dû la boire jaunâtre durant plusieurs jours, et ce, jusqu’à maintenant. Le Premier ministre a bien essayé de rattraper le coup en avançant qu’elle est potable. Ahuris par cette déclaration, les habitants d’Antananarivo n’ont pas tardé à réagir en exigeant que le chef de gouvernement devrait d’abord le boire en public, non pas un verre mais plutôt un … bidon jaune ! Et pendant tout ce temps, les régions au sud de l’île souffrent de l’absence de la précipitation, de la faim et la malnutrition. D’où sûrement le nouveau classement de Madagascar comme étant le deuxième pays en Afrique où la famine sévit le plus!
Pour le volet économique par contre, il n’y a pas grand-chose à dire sauf qu’on mange toujours une fois par jour sinon une fois tous les deux jours.
En somme, ce n’est pas seulement la fin du mois qui s’approche mais aussi et surtout celle du peuple malgache.

Jean Luc RAHAGA