L’insécurité a été grandissante ces deux dernières années et aujourd’hui, la population craint autant les pickpockets que les voleurs d’organes, les casseurs armés, les bois ronds cloutés et même les kidnappings. Il y a donc lieu de constater que les forces de l’ordre sont peu nombreuses, occupées ailleurs et souvent impliquées dans des actes de banditisme. Dans un sondage de l’Afrobaromètre, les forces de l’ordre sont, avec la Justice, les plus gangrénées par la corruption à Madagascar. Hier, le leader de l’association des hommes de réserve et ex-militaires a donc estimé qu’il était temps pour lui et pour ses pairs d’apporter leur contribution dans la lutte contre l’insécurité. Par ailleurs, ce dernier a souligné que la protection des terres, des personnes et des richesses était une obligation à respecter jusqu’à la mort. Leurs objectifs sont de rétablir la sécurité plus efficacement mais également de prouver qu’ils ne sont pas impliqués dans la hausse de l’insécurité. « Appelez les hommes de réserve », tel a été le propos du leader de l’association qui semble revendiquer une quelconque somme d’argent, d’autant plus qu’il a mentionné les dépenses de la Commune Urbaine pour les policiers municipaux. Par ailleurs, ils demandent à avoir des armes pour lutter contre l’insécurité : « si l’Etat le veut bien ».

La police municipale sous-estimée

Cette semaine, la Commune Urbaine d’Antananarivo a fait savoir que d’ici le début du mois d’avril, le nombre de policiers municipaux passera de 270 à 1000, soit un recrutement massif de plus 700 éléments. Cette décision a fait polémique dans la mesure où les dépenses destinées à un seul policier municipal se chiffrent à 55 000 ariary par jour, soit une dépense journalière de 55 millions d’ariary à partir du mois d’avril. L’association des hommes de réserve et ex-militaires a évidemment profité de la brèche et son leader y est aussi allé de son grain de sel. Hier, ce dernier a publiquement remis en question les compétences et l’efficacité des agents de la police municipale d’Antananarivo dans la mesure où leurs gourdins, bâtons ou mains vides ne feront pas le poids face à une arme automatique. Ainsi, les hommes de réserve et les ex-militaires ont clairement indiqué qu’il suffirait d’une subvention à hauteur de 55 millions d’ariary par mois (et non par jour) pour qu’ils obtiennent des résultats palpables et plus rapides que la police municipale. La stratégie qu’ils pensent à appliquer est basée sur la mise en place de forces spéciales au plus près de la population afin de permettre les interventions rapides et interpeller les criminels en flagrant délit. Même si l’Etat ne leur accorde pas l’autorisation ou ne donne pas une réponse favorable, les hommes de réserve et les ex-militaires comptent sur leurs expériences.

Seulement, il y a un grand hic. Ces derniers se sont réunis hier et tous, la presse y compris, y ont remarqué la présence du Secrétaire d’Etat en charge de la gendarmerie. Beaucoup comprennent par conséquent que le gouvernement soutient cette … « initiative » alors qu’on sait que la gestion de la sécurité urbaine revient à la police nationale. En somme, ce n’est pas uniquement la police municipale d’Antananarivo qui est visé ainsi que le budget octroyé pour la réalisation de leurs tâches, mais aussi la police nationale. Et cerise sur le gâteau, les attributions du maire de la capitale se trouvent de plus en plus amoindries. Mais évidemment,  Lalao Ravalomanana n’en est pas consciente d’autant que cette dernière préfère plutôt fuir ses responsabilités et les jeter à tout va !

Luc Matthieu – Laza Marovola