A l’origine, la majorité des citoyens étaient contents d’élire à nouveau son président dans la mesure où cela aurait dû permettre le retour du pays dans la légalité et surtout la réouverture de la pompe à dollars. Toutefois, cela ne s’est pas passé comme prévu et la population a commencé à perdre espoir et confiance lorsque le président de la République a échoué dans la réalisation et la concrétisation de toutes ses belles promesses dont la fameuse résolution définitive du délestage.

Pour cause, lui et son équipe se sont principalement focalisés sur l’expansion du parti d’Etat avec l’ambition d’avoir l’emprise totale sur le pouvoir, soit contrôler pays. Leur victoire lors des élections communales et municipales, et ensuite aux sénatoriales assurent certainement plus de stabilité au parti d’Etat mais clairement pas celui du pays pour la simple raison que cette victoire a été obtenue sous la pression ou grâce à la corruption. Résultats : les autres partis politiques ne cessent de rappeler l’Etat à l’ordre et certains cherchent même vraisemblablement à interrompre brusquement le mandat de Hery Rajaonarimampianina. Même si le contrôle du Sénat est presque assuré, cela n’enterre pas encore définitivement le conflit institutionnel opposant la présidence et l’Assemblée nationale ou la Primature. Depuis maintenant plus de deux ans, le pays ne fait que reculer et lorsque Hery Rajaonarimampianina a indiqué à Addis Abeba que le plus important est d’instaurer une stabilité politique et institutionnelle afin de garantir le développement du pays, la majorité de la population aurait beaucoup de mal à le croire.

Toujours des menaces de crise

Depuis son indépendance, Madagascar a été frappé par des crises cycliques à cause des mauvaises pratiques de ses dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’Etat pour dilapider les richesses naturelles et laisser pour compte la population.

Après les évènements de 1972, 1991, 2002 et 2009, plus de 90% de la population vivent aujourd’hui dans la pauvreté, dont plus de 70% dans l’extrême pauvreté. Les Malgaches n’ont jamais cessé d’espérer de noter des améliorations dans leur quotidien et c’est même la raison pour laquelle aujourd’hui, les dirigeants actuels ont le droit de prendre au sérieux, et même trop au sérieux, les rumeurs sur des coups d’Etat et de craindre tout rassemblement populaire.

Les raisons pour se rebeller sont multiples mais la majorité des citoyens sont conscients qu’une nouvelle crise ne ferait qu’aggraver la situation du pays. Le président de la République profiterait donc de cet avantage pour aller au bout de son mandat et pour assurer sa réélection toutefois, tout en sachant qu’il est la cible de plusieurs opposants et autres mécontents de ses nombreuses décisions et de ce qu’il a fait de la politique à Madagascar.

Ainsi, même si l’Union africaine s’oppose fortement aux coups d’Etat ou toute autre prise de pouvoir anticonstitutionnelle, le pays continuera d’être menacé par une crise tant que les tenants du pouvoir abusent de leur pouvoir et délaissent complètement la population.

Laza Marovola