On était à deux doigts d’un « rotaka » général hier, et c’est peut-être ce que le maire de la Capitale cherche en provoquant sans cesse et sans aucune raison la population tananarivienne : ordures non-ramassées, 60 milliards d’ariary d’emprunt à mettre sur le dos des habitants, chasse aux marchands alors qu’aucune mesure d’accompagnement n’est initiée, renvoi de 250 agents de la Cua, routes dans un état lamentable, …. En contrepartie, aucune action en faveur de la population n’a été menée, même pas une borne-fontaine réalisée ! Les observateurs estiment qu’il s’agit d’une punition programmée à l’endroit des tananariviens et en même temps, la stratégie vise à entraîner le régime dans sa chute.

Cette semaine, le renvoi de 200 employés de la commune a égratigné encore plus l’image de la première femme élue maire de la Ville des Mille alors qu’elle doit encore s’expliquer sur son souhait d’emprunter 60 milliards d’ariary. Lalao Ravalomanana, Neny pour les fanatiques, est au centre de toutes les polémiques et fait encore parler d’elle par rapport à l’assainissement de la Capitale. Pour atteindre son objectif, la commune est partie en croisade contre les marchands de rues et autres marchands ambulants sans pour autant définir des mesures d’accompagnement ou des solutions concrètes. Hier, lors d’une opération de nettoyage effectuée par les gros bras réquisitionnés par la Commune du côté du marché de Petite Vitesse, après la confiscation de plusieurs produits destinés à la vente et l’accident blessant un vendeur, des centaines d’individus se sont regroupé pour manifester à l’entrée principale de l’Hôtel de Ville d’Analakely, où ils sont restés 3 heures durant. Face à cet énorme rassemblement, 5 véhicules de l’Emmoreg ont été vite dépêchés sur les lieux pour contenir la foule en colère scandant l’expiration du délai de 72 heures pendant lequel les dirigeants de la Commune auraient dû trouver un endroit pour replacer les marchands expulsés. Globalement, cette manifestation s’est passée dans le calme et tout est revenu à la normale au milieu de l’après-midi. Quoi qu’il en soit, la Commune a souligné sa volonté de concrétiser à tout prix l’assainissement de la ville tout en précisant que des rassemblements pareils ne feront pas reculer celle-ci.

Réalité ou fiction ?

Lors de l’élection de Lalao Ravalomanana à la tête de la Commune urbaine d’Antananarivo, c’est surtout son époux, Marc Ravalomanana, le Dada de certains fanatiques, qui a jubilé pour la simple raison qu’il a maintenant l’opportunité de s’ingérer dans quelques affaires pouvant être très problématiques. Pour cause, il en a l’expérience et lorsqu’il a été le maire, il a fini par forcer l’Amiral à l’exil et a brigué la présidence. Cette fois, Marc Ravalomanana a été clair par rapport à son impatience à revenir à la tête du pays avant 2018, ce qui ne lui laisse pas réellement beaucoup de temps d’autant plus qu’il est constamment surveillé par les tenants actuels du pouvoir. Toutefois, les revendications incessantes contre la Cua pourraient être vues comme faisant partie d’un plan machiavélique pour pousser une partie de la population à bout et sortir de ses gonds. Par ailleurs, le calme relatif observé hier devant l’entrée principale de l’Hôtel de Ville peut laisser perplexe. Pour cause, c’est bien la première fois que les éléments de l’Emmoreg n’ont pas eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule, plus précisément des centaines de manifestants. Pourtant, face à une dizaine d’étudiants, des dizaines d’éléments de l’Emmoreg brutalisent gratuitement et utilisent même des matraques électriques pour immobiliser un petit jeune issu du milieu rural. En tenant compte que la corruption concerne principalement les forces de l’ordre et la justice, on ne peut s’empêcher de demander si les évènements de la veille font partie de la réalité ou d’une fiction bien pensée.

J.L.R – Laza Marovola