Tous savent que le remaniement sera pour très bientôt mais si la course pour la trentaine de fauteuils de membres du gouvernement semble déjà inaccessible pour les vautours et autres dinosaures politiques, certaines personnes à de niveaux moindres s’y préparent. Effectivement,  c’est l’effervescence absolue actuellement dans tous les ministères. Les uns ont peur de perdre leurs places habituelles : directeurs généraux,  directeurs, collaborateurs, Prmp (personne responsable du marché public), chefs de service, chefs de division jusqu’au secrétaire ou chauffeur du Dg, celui du directeur, celui du chef de service, etc.  Et d’un autre côté, les anciens limogés et délaissés espèrent retrouver au moins leurs places d’avant sinon monter en grade. Et les vengeances peuvent commencer ! Mais ne pas oublier les jeunes aux dents longues capables de damer le pion aux vieux routiers de l’administration puisqu’il est vrai que plus l’équipe est rajeunie, plus elle est jolie et …incisive ! Mais rassurons-nous, la moyenne d’âge du gouvernement est souvent plus proche du senior. C’est devenu presque une habitude, héritage du précédent régime, celui de la transition : le seul jeune a été celui qui s’est trouvé à la tête, le reste était plutôt composé de dinosaures. Le slogan de Didier Ratsiraka dans les années 80 « Ankizy ankehitrio, tompon’ny taona roa arivo » (littéralement, les enfants d’aujourd’hui, propriétaires du troisième millénaire), n’ont eu aucun écho sur les dirigeants qui se sont succédé depuis.

A coup sûr, des chamboulements, il y en aura et ils seront de taille, à l’image de  la composition des sénateurs désignés dans le quota présidentiel et surtout que la présidence de cette institution a été offerte sur un plateau d’argent à un fidèle de l’Amiral rouge. Par contre, les constructions, réhabilitations et réfections de route, comprenant les fameuses autoroutes, rocades et autres voies de transit, reviennent au ministère d’Etat chargé des infrastructures, de l’équipement et de l’aménagement du territoire. Et on voit mal celui qui l’occupe depuis l’avènement de ce régime, laisser une si belle proie à d’autres. Ainsi, le ministère des Travaux publics n’a qu’à bien se tenir, il s’occupera des « point à temps » des rues d’Antananarivo et adieu les marchés publics juteux dans ce domaine. L’appellation du ministère auprès de la présidence chargé des ressources stratégiques en dit long sur ses attributions : pierres précieuses, petites et grandes mines, par conséquent gestion des grandes carrières de Madagascar, bois précieux, sans oublier le pétrole. L’ancien ministère des Mines et celui des Hydrocarbures avec la gestion, destinée sûrement pour la future exportation licite, de ces bois, ont été avalés par ce dernier ministère. C’est dire l’importance des futurs cadres qui y seront bientôt nommés.
Ces quelques exemples sont prises puisque ces ministères ne pourront pas échapper aux membres du parti au pouvoir et c’est seulement à partir de là qu’il est permis de rêver. Mais être dans un gouvernement peut être considéré comme un exploit déjà : 30 parmi les 22 millions d’habitants ! Et ne serait-ce que le temps d’un gouvernement dont la longévité dépend parfois de si peu de choses, il est toujours bon de prendre un haut emploi de l’Etat, d’autant qu’il y a mille manières de pouvoir passer à travers plusieurs ministres et donc à travers plusieurs gouvernements. Des directeurs, nommés en 2002 ou en 2006 sont restés inamovibles jusqu’à maintenant.
La chasse est ainsi rouverte, encore une fois, et beaucoup n’attendront pas le signal de départ donné par le président de la République à travers la nomination du Premier ministre et des membres du gouvernement.

Jean Luc RAHAGA