Rien n’est encore gagné. L’année nouvelle n’a pas opéré d’un coup de baguette le miracle de transformer les circonstances qui bordent la voie vers la sortie de crise. La feuille de route reste la même, les écueils auxquels elle se heurte demeurent, de solution sur les questions épineuses dans son application rien de nouveau à l’horizon. Au contraire les hypothèses envisagées, tel un passage en force comme on le suppute, présentent les risques de tout faire capoter. La feuille de route est l’unique lien fragile qui attache les uns aux autres les éléments d’un attelage brinquebalant : la feuille est comme toute feuille que vent emporte, et il vente beaucoup à la porte, la chaussée descend en pente abrupte et des pluies ne cessent de l’arroser pour la rendre encore plus glissante. 
Plus on approche des dates d’élections, les haies qu’il faudra franchir pour passer de l’autre côté de la crise, plus cette épreuve apparaît comme une montagne. C’est à affronter cette épreuve qu’il faut en ce début d’année consacrer tous les efforts, tâche bien difficile, pour laquelle chacun devra plus y contribuer par le geste que par la parole. Dans cette optique sans doute, pour mieux exorciser les ratés des années passées, le Président de la Transition a délibérément choisi de ne pas en parler dans son discours de fin d’année.
Les élections ne constituent certes pas une fin, mais pour l’instant on ne connaît pas d’autre solution pour sortir de cette période qualifiée de Transition, une situation provisoire devenue définitive le temps d’une mandature, début 2009 à début 2014, terme qu’avec optimisme on peut envisager pour parvenir à installer la IVème République sur toutes ses assises.
Que de concessions auxquelles on doit se résoudre à faire de part et d’autre avant d’y arriver, on ne saurait considérer les élections comme la simple formalité à remplir d’un passage obligé, elles s’accompagnent d’une autre double obligation, une tenue propre et un franchissement sans bavure. Les soupçons réciproques sont loin d’être levés pour que dès à présent on puisse accorder une présomption de bon déroulement et de résultats fiables aux élections en préparation : des suspicions de tricherie, des intentions de boycott et tout le saint-frusquin qui ont toujours altéré la volonté exprimée dans les urnes. Personne n’ignore que les altérations successives ont imposé des semblants succès immédiats sans éviter de déboucher par la suite sur des crises que le pays paie au prix de plus en plus fort à chaque nouvel épisode. Même si de cette crise ci la coupe est pleine, il parait hasardeux de vouloir en sortir au plus vite  par une porte médiocre histoire de sauvegarder un semblant de calme de l’instant, et en contrepartie d’accepter le risque (presque garanti) d’une rechute promise à être encore plus catastrophique à brève échéance.

Léon Razafitrimo