La décision du Président de la Transition a tous les mérites d’éclairer davantage l’échiquier politique national. Désormais, les Malgaches savent que ni Andry Rajoelina ni Marc Ravalomanana ne dirigera ce pays durant la prochaine législature. Certes, ils garderont des influences mais ils ne seraient ni l’un ni l’autre le commandant en chef. Cela veut dire que la prochaine course à la magistrature suprême sera âprement disputée. Aucun favori n’émerge du lot même si quelques candidats, potentiels ou déclarés, ont de fortes potentialités par rapport aux autres. Si Roland Ratsiraka estime que ses chances se sont améliorées avec ce double désistement, cela sera également le cas pour Pierrot Rajaonarivelo ou encore Tantely Andrianarivo.
En attendant que les uns et les autres retouchent leur stratégie en fonction de cette nouvelle donne, on peut d’ores et déjà s’attendre à une course effrénée à l’investiture dans les prochains jours. Aussi bien dans le camp Ravalomanana que dans celui de Rajoelina, quelques personnalités se voient déjà  sans doute en futur chef de l’Etat élu. Mais faut-il encore qu’elles convainquent non seulement les deux principaux protagonistes de la crise de 2009 à les soutenir mais surtout elles doivent également conquérir une base souvent réfractaire voire incontrôlable. Une « guerre de clans » pourrait avoir lieu au cas où des candidats du même bord se décident de s’aligner. Certains estiment déjà que les alliances politiques d’aujourd’hui et d’hier ne résisteraient pas à cette course à l’investiture. Ils parient même sur la victoire d’un « troisième larron » qui profiterait de la situation pour créer la surprise.
Dans tous les cas, le top départ des élections a été largement enclenché. Les stratégies politiques sont sans doute déjà en place même si parfois elles subissent quelques retouches suivant l’évolution de la situation. Ceux qui résisteraient à cet appel d’air de la division auront certainement plus de chances que les autres. Mais ils ont sans doute besoin de ratisser encore large pour pouvoir gagner dans la mesure où il leur faut également obtenir les voix des inconditionnels de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina.

L. Denis Alexandre