Avec la décision des deux principaux protagonistes de la crise de 2009 de ne pas se porter candidats à l’élection présidentielle de mai prochain, jamais une élection n’aura été aussi ouverte dans le pays. Aucun favori ne sort du lot même si quelques « outsiders » tentent actuellement de faire la différence à l’image de Pierrot Rajaonarivelo ou encore de Sarah Georget Rabearisoa. Il n’en demeure pas moins que les différentes campagnes électorales se dérouleront dans l’ombre de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina.
Sur ce point, tous les spécialistes s’accordent à l’affirmer à l’image de Jean-Eric Rakotoarisoa qui, sur RFI, a soutenu que le Président de la Transition « peut jouer un rôle très important après l’élection puisque ses partisans, son parti, les partis qui le soutiennent vont s’accrocher à lui. Il servira de référence même pour la campagne électorale durant laquelle ils vont jouer sur son nom ». La même remarque vaut également pour Marc Ravalomanana. D’autant que selon même ce constitutionnaliste, autant l’actuel numéro Un de la Transition que son prédécesseur pourraient participer activement à la campagne électorale même s’il estime qu’il sera mieux que le Président de la Transition garde une certaine neutralité. « Puisqu’il (Andry Rajoelina, ndlr) n’est pas candidat, il peut éventuellement participer à la campagne. Cela ne va pas se poser en termes juridiques mais éthiques : le président de la Transition va-t-il pouvoir s’impliquer pour soutenir un candidat déterminé ou un courant ? Il ferait mieux d’être un peu plus neutre, bien que tout le monde sache que ce seront ses poulains, aussi bien pour les législatives que pour la présidentielle », a-t-il affirmé. Il va de soi que pour promouvoir l’apaisement et l’équité, Marc Ravalomanana se met aussi dans la même disposition.

Retour de Ravalomanana

La forte implication des deux hommes dans le processus électoral est donc une évidence dans la mesure où ils y jouent leur avenir. Pour Andry Rajoelina, il lui faut un futur chef d’Etat qui lui soit assez favorable s’il veut concourir et remporter sans trop de difficulté les élections de 2018. Par contre, pour Marc Ravalomanana, c’est son avenir dans le court terme qui pourrait être conditionné par la position politique de celui qui deviendra le prochain chef d’Etat élu. D’après Jean-Eric Rakotoarisoa, concernant le retour de l’exilé de Johannesburg, « à court terme, ça risque d’être difficile, à moins qu’il y ait véritablement accord cette fois-ci, entre les parties prenantes de la crise. En l’état actuel des choses, les pros-Rajoelina refusent cela. Mais vu qu’il n’est pas candidat, il n’y a pas véritablement urgence pour qu’il revienne. Il peut influer sur les élections. Et, dans son intérêt, il faut que son parti ou ses partisans gagnent ces élections, comme ça il pourra revenir au pays dans des conditions plus favorables qu’actuellement ».

Recueillis par L. D. A.