Le chantier pour accueillir et assurer la tenue du seizième sommet de la Francophonie est titanesque, raison pour laquelle un ministre a spécialement été affecté à la réalisation de tous les grands travaux regroupés dans le cadre des projets présidentiels. Aujourd’hui, on sait que l’extension de l’aéroport international d’Ivato ne sera pas achevée à temps, que la construction du village francophone se fait au ralenti et que les problèmes n’en restent pas là. En effet, les projets d’extension des routes sont des volets sensibles dans la mesure où l’expropriation pour utilité publique est mal appliquée par les décideurs. Des rizières, des terrains, des maisons et même des étables tombent directement dans les tracées de la nouvelle route sans que les propriétaires en aient été avertis. Ces derniers reprochent aux dirigeants de s’être mal préparés pour la réalisation du projet et d’avoir omis d’établir des mesures d’accompagnement ou de dédommagement. Aujourd’hui, de nombreux foyers sont sur le fait accompli et seront tôt ou tard obligés de céder leurs biens d’autant plus que les travaux ne les attendront pas. C’est pour cela qu’hier, quelques individus se sont présentés devant la Mairie d’Ivato avec une banderole afin d’attirer l’attention des dirigeants. Quoi qu’il en soit, cette manifestation, bien qu’insignifiante, est un signe annonciateur qui en dit long sur le point de vue des Malagasy sur l’organisation de ce sommet de la Francophonie.

Sommet de la discorde

Le mercredi 10 février dernier au palais d’Etat d’Ambohitsorohitra, une communication verbale relative au report des dates du seizième Sommet de la Francophonie a été faite au titre du ministère des affaires étrangères. A Madagascar, quand on commence à reporter les dates, cela ne présage jamais rien de bon surtout pour les organisateurs et les dirigeants. Aujourd’hui, l’organisation du prochain sommet est réellement un caprice pour la simple raison que la situation socioéconomique du pays est au plus mal. En effet, les priorités devraient être autres pour Madagascar et les dirigeants doivent concentrer leur force, énergie et volonté dans des projets concernant directement l’amélioration du quotidien de la population. C’est pour cette raison que les dizaines de manifestants d’hier demandaient à ce que la nouvelle route ne traverse pas les rizières et les maisons mais devra être déviée ailleurs. Certains d’entre eux estiment que l’Etat aurait dû préparer la population un an plus tôt, quoi que même avec ce genre de délai, les contestations ne sont pas totalement à omettre. Aujourd’hui donc, l’Etat se heurtera certainement à la colère du peuple qui ne voit pas l’intérêt de détruire leurs biens pour inviter des « vazaha » à se réunir dans une grande salle pour parler français.

Laza Marovola