Le projet de décret fixant les « règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions des Fokontany » a été adopté par le conseil du gouvernement du mardi 9 février dernier. Ce projet est passé comme une lettre à la poste bien que mené en catimini, sans consultation aucune en dehors des cercles fermés du pouvoir, comme le souligne le communiqué de l’Observatoire publique, le Sefafi en date du 12 mars. Depuis le début des débats sur les Collectivités territoriales décentralisées (Ctd), le Sefafi n’a cessé de critiquer les fausses idées d’indépendance véhiculées par le pouvoir central. Pour cause, tout le cadre élaboré dans la mise en place des Ctd n’accordait à ces dernières aucune liberté. Aujourd’hui, l’Etat s’attaque à la base en imposant sa loi dans la mise en place des responsables des Fokontany. Dorénavant, les membres du comité du Fokontany sont désignés par décision du chef de district, du Préfet ou du Préfet de police territorialement compétent, sur une liste de cinq noms proposés par le chef d’arrondissement administratif. En d’autres termes, les citoyens n’ont plus le droit de choisir leur comité du Fokontany, soit plus de démocratie. De là, l’idée même d’une vraie décentralisation est une simple perte de temps. L’actuel projet de décret exclut totalement les citoyens du choix de leur responsable auprès du Fokontany, ce qui n’a d’effet que de nourrir encore plus la colère de la majorité.

Projet anti-démocratique

La Constitution, en son préambule, conçoit que le Fokonolona, organisé en Fokontany, constitue un cadre de vie d’émancipation, d’échange et de concertation participative des citoyens. Le Fokonolona est même considéré comme la base du développement mais aujourd’hui, les tenants du pouvoir souhaitent fonctionner autrement. En voulant écarter les citoyens du choix de leurs responsables auprès des Fokontany, l’Etat rend directement impossible l’émancipation, l’échange et une concertation participative positive.

Il n’y a aucun débat à faire parce que le pouvoir central a décidé ainsi pour certainement encore s’assurer une stabilité politique leur permettant de voguer tranquillement et de briguer un deuxième mandat. Le chef du Fokontany se verra en charge des travaux et opérations électorales ou référendaires, chose que le Sefafi redoute d’être des calculs bassement politiciens focalisés sur les prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2018. Quoi qu’ils en soient, en se dirigeant vers l’application de ce décret, l’Etat provoquera la zizanie au sein des Fokontany à cause de l’illégitimité des nouveaux responsables désignés.

Laza Marovola