Le conflit institutionnel entre l’exécutif et le législatif est palpable depuis maintenant deux ans. Mais contre les motions de censure et même de déchéance, les dirigeants ont toujours réussi à renverser la balance au dernier moment. Changement de stratégie donc puisque cette année, ils s’y prennent très tôt afin d’éviter tout affrontement.

De la corruption déguisée, c’est comme cela que les observateurs ont interprété l’adoption du décret portant transfert de crédits d’un montant de 3,6 milliards d’ariary à l’Assemblée nationale s’articulant sur le fonctionnement et un investissement, sans plus de précisions. C’est à cause de ce manque de transparence que cette décision paraît suspecte. Et comme une nouvelle n’arrive jamais seule, le conseil des ministres de la veille, dans la partie adoption des textes réglementaires, au titre du ministère des Finances et du budget a apporté plus de précisions.

« Décret modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°2014-259 du 2 mai 2014 fixant les salaires, les accessoires, indemnités et avantages en nature du président de l’Assemblée nationale, des membres du Bureau permanent et des Députés de Madagascar. » C’est ce que nous avons lu dans le communiqué relatif au conseil des ministres de ce jeudi. A la recherche de plus d’informations, Jean Max Rakotomamonjy n’a pas répondu à nos appels téléphoniques tout comme Freddie Mahazoasy. De leur côté, Naivo Raholdina et Brunelle Razafitsiandraofa ne sont au courant de rien et le second a souligné que  la révision à la baisse des salaires est un gros risque pour le bureau permanent. De son côté, Siteny Randrianasoloniaiko a affirmé être au courant d’une demande de révision de salaire procédée par la Chambre haute et rien d’autre à part des propos confus. A ce sujet, le décret fixant les salaires, accessoires, indemnités et avantages en nature du président du Sénat, des membres du Bureau permanent et des Sénateurs de Madagascar a également été adopté au titre du ministère des Finances et du budget.

En d’autres termes, tout cet argent planant en direction des poches de ces énergumènes de Tsimbazaza mais aussi des Sénateurs est…troublant d’autant plus qu’il servira à assurer la stabilité tant recherché par le numéro un actuel. Ainsi, le Parlement sera sous contrôle parce que le Sénat appartient visiblement déjà au Hvm.

L’objectif du troisième mandat

Au début de cette semaine, le Premier ministre Jean Ravelonario a reçu quelques envoyés spéciaux du Programme des Nations Unies pour le Développement pour discuter des préparatifs de l’élection présidentielle de 2018. Même si cela a été clair pour tout le monde depuis l’année dernière, maintenant on sait qu’il n’y aura de place qu’aux projets relatifs à la réélection de Hery Rajaonarimampianina. Dépendant de l’angle, c’est une bonne nouvelle dans la mesure où le régime actuel pourrait enfin s’intéresser au volet social, à la lutte contre la pauvreté ou à d’autres besoins prioritaires de la population. Même si ce sera  pour faire semblant, le numéro un actuel est bien obligé de regagner la confiance des électeurs afin de les amadouer de voter pour lui d’autant plus que de sérieux adversaires seront certainement sur son chemin.

Convaincre la population est une chose et assurer ces arrières en est une autre. Le président de la République semble conscient de l’enjeu et c’est la raison pour laquelle le contrôle de l’Assemblée nationale est primordial. En transférant un crédit de 3,6 milliards d’ariary à l’Assemblée et voulant modifier les salaires et autres avantages (certainement à la hausse), le numéro un annonce la couleur pour voguer tranquillement vers son deuxième mandat. En règle générale, le deuxième quinquennat est quasiment déjà gagné et le vrai objectif est probablement l’atteinte d’un troisième mandat à la Kabila, qui semble abandonner ce projet.

Laza Marovola