Le prix au kilo de la viande de zébu a enregistré une hausse conséquente depuis le début de cette année et certains revendeurs accusent la rareté du produit à cause d’une exportation trop importante. Selon le dernier rapport du ministère de l’Elevage, la consommation locale s’élève à plus 1 000 têtes de zébus par jour et d’ici quelques années, compte tenu de la croissance démographique, le Malagasy devrait sans doute se passer d’un bon « hen’omby ritra » ou d’un « varanga ». Pendant un moment, la viande de zébu se faisait rare sur les étals des différents marchés de la Capitale mais le pire a pu être évité et le marché réapprovisionné normalement. Toutefois, la roue peut tourner à tout moment pour la simple raison que les principaux fournisseurs de zébus sont constamment en froid avec les forces de l’ordre abusant souvent de leur pouvoir et de la gâchette. Ces dernières sont censées protéger la population mais dans la réalité, personne n’a plus confiance en elles. C’est ce qui explique les vindictes populaires sur tout le territoire choisi par la population pour se faire justice soi-même. Pour cause, les hommes armés en treillis ont déjà prouvé à plusieurs reprises ne pas avoir peur de recourir à la force, plutôt la brutalité pour arriver à leur fin.

A Tsiroanomandidy, ils ont torturé des individus innocents pour obtenir des informations, infligé des traitements cruels et perpétré des exécutions sommaires sans qu’aucune sanction concrète ne soit prise en leur encontre. Même le ministre de la Défense ne trouve rien de sérieux à dire.  Plusieurs éléments des forces de l’ordre sont aujourd’hui incontrôlables à cause de la pauvreté mais aussi à cause de leur petit salaire et autres conditions de travail. Comme la majorité de la population, ils doivent réaliser quelques missions à côté pour pouvoir joindre les deux bouts tous les mois. C’est le cas de ces gars cagoulés qui essaient de renvoyer des habitants pour le compte d’un Karana qui aurait acquis le terrain où ils se trouvent. Selon les récentes enquêtes, la corruption concernerait la justice et les forces de l’ordre. C’est donc normal s’ils sont cités dans des affaires de kidnapping.

A ce sujet, il se trouve que les armes utilisées pour le kidnapping du fils d’un opérateur économique sur la côte appartiennent à des militaires mais auraient toutefois disparu de la circulation depuis plus de 10 ans pour certains. Dans la Haute Matsiatra, on a rapporté cette semaine que les munitions utilisées par des bandits notoires encore recherchés appartenaient à des militaires. La complicité des forces de l’ordre dans des actes de banditisme est souvent flagrante mais à aucun moment, elles n’ont jamais été justement punies. Récemment, la présidence de la République a crée et envoyé une Unité Spéciale Anti Dahalo pour mener une guerre dans le sud et les dirigeants ont déjà clairement souligné que cette unité avait carte blanche pour rétablir la sécurité.

Ainsi, on imagine que l’usage de la force sera de rigueur pour les 57 Rambo ayant accepté le contrat. Jusqu’ici, il n’y a pas encore d’échos de cette mission spéciale mais puisque la lutte contre les dahalo est une affaire de stratégie et non de force, cela ne saurait tarder. Lors de ce genre de missions, il serait d’usage de terroriser les populations pour trouver la cachette desdits dahalo, entrainant ainsi des dizaines, voire même des centaines de personnes à migrer vers d’autres lieux plus paisibles. Les forces de l’ordre ne sont plus ce qu’elles sont mais elles auront l’occasion de prouver le contraire le 29 mars prochain et peut être même plus tard lorsqu’elles ouvriront les yeux sur la réalité vécue par les 24 millions de Malagasy. Longtemps considéré comme les forces du désordre et principale cause de l’insécurité grandissante, les forces de l’ordre peuvent devenir les ennemis de la population s’ils continuent à protéger leurs intérêts particuliers et ceux de qui ils reçoivent les ordres.

Laza Marovola