« Dura lex sed lex », à l’extrême le grand public s’est résolu à accepter ce principe qui assure sinon une morale équitable, du moins un socle à asseoir un Etat de droit. Aussi si scélérate que soit une loi, elle fait loi, pour que soit l’Etat de droit. L’Etat de droit se trouve de la sorte consacré comme un cadre indispensable pour que règne un ordre voulu, de contenant idéal il ne contient pas nécessairement un contenu idéal dont il garantit le bon fonctionnement. Au fond tout le secret repose sur la loi. Forte de la force dont l’Etat de droit l’entoure, la loi se trouve au centre du combat politique. Au centre d’un rapport de forces, c’est à qui sortira le mieux son épingle du jeu pour imposer sa loi dans la confection de loi.
On tend à réduire le combat politique à un combat pour conquérir le pouvoir, mais c’est que derrière l’accession au pouvoir se trouve la confection de la loi pour établir un ordre. Le combat se justifie de façon morale tant qu’il repose sur une idéologie, celle-ci se promenant entre deux extrêmes, d’un côté celle qui repose le mécanisme de la société en se fiant à une dynamique que la libération de la recherche de profit est censée générer de façon naturelle, à l’opposé celle qui favorise le souci de satisfaire aux besoins sociaux du groupe dans toutes les activités de production. Le système pour lequel on se bat à conquérir le pouvoir devient plus flou et porte en lui les graines de diverses dérives quand le combat n’a d’objet qu’à conquérir le pouvoir pour le pouvoir, celui d’un homme. Fatalement l’idéal sans une idéologie construite se vide et ne sert que de maquis dans lequel se cultive et croît allègrement l’égoïsme, sous couvert d’un libéralisme confisqué ou d’un socialisme asservissant.
La loi revient au plus fort. « Dura lex sed lex », certes, mais elle devient encore plus dure quand elle n’est qu’un outil de durcissement aux mains du plus fort. Actuellement le plus fort c’est l’argent. L’actualité internationale le montre suffisamment, le commun des mortels en perd sa logique. Il faut sauver Chypre de la banqueroute. Le sauvetage nécessite tant de milliards. Pour mériter la bouée de sauvetage le pays aux abois doit faire preuve de bonne volonté et apporter sur la table quelques milliards et en hypothéquer autant sur l’avenir.
Madagascar apprend aussi à ses dépens les règles de vie internationale. Entre action oblique, action paulienne et autres voies d’actions du maquis juridique, une entreprise belge entend mettre la main sur une propriété privée de l’Etat malgache à Cachan (France) suite à un litige avec une société d’assurance malgache ayant son siège à Madagascar en réparation de dommages subis à Mahajanga par cette société belge.
Etonnant que l’opinion malgache ne comprenne pas toujours la dictature de l’argent, alors que la sagesse malgache clame sans complexe son entendement sur la question « ny vola no maha rangahy », l’argent fait l’homme. Dans pas longtemps le public en révisera la leçon pour en vérifier la véracité, l’argent fera ou tout au moins aidera pour beaucoup à l’avènement du prochain président et des hiérarques du système. Face à l’omnipotence de l’argent, la démocratie n’est que poudre de perlimpinpin.

       Léon Razafitrimo