Dans la cité du soleil, on constate une forte hausse de la consommation de la drogue, notamment le cannabis appelé localement « jamala » ou carrément « bozaka ». Il n’y a plus d’endroits, de quartiers, de cités qui en sont épargnées d’autant que cette drogue est bon marché puisqu’elle vient de ces régions du sud de Madagascar. Effectivement, le chanvre est planté dans cette zone qui figure parmi les plus arides de la Grande Ïle et la moitié de la quantité de drogue qui y circule – un peu plus de 3 tonnes – provient de cette partie. Arrivé sur les marchés de Toliara, composé des petites boutiques d’épicerie pour la plupart du temps, le chanvre est à la portée de toutes les  bourses et il suffit d’avoir 500 ariary en poche pour obtenir un rouleau moyen destiné à satisfaire le besoin personnel d’un adolescent pour quelques heures. Par contre, les petits malins attendent justes en dehors de la ville l’arrivée des camions venant d’Ampanihy ou de Sakaraha et avec quelques centaines de milliers d’ariary, ils deviennent les dealers de leur quartier. Et pas un fokontany n’est épargné.

La recrudescence du phénomène est aussi due à l’inexistence de loisirs et de la rareté des terrains de sports dans la ville du soleil. Il fut un temps où les écoles privées et confessionnelles ainsi que la direction régionale de l’éducation nationale ont organisé des rencontres sportives suivies de séances de cinéma et/ou de concerts de musique mais actuellement, les sorties que peuvent se permettre les jeunes tuléarois se résument à aller dans un coin et fumer un joint. Bref, c’est la pauvreté culturelle – outre la misère alimentaire et l’extrême pauvreté – qui s’abat sur la ville d’autant que les possibilités de trouver un emploi digne sont très rares. Rappelons aussi qu’à Tuléar, le tissu des petites et moyennes entreprises est complètement en … haillon !

J.L.R