L’ancien Président de la République est bien dans la place et il ne se fait pas prier pour narguer les dirigeants actuels. Le jour où il a réussi à rentrer en catimini dans la Grande Ile après son exil doré en Afrique du Sud, il a su que les hommes au pouvoir ne pourront plus rien contre lui. Fort de cette victoire, il a déclaré vouloir revenir à la tête du pays et ne peut pas attendre 2018 (voir encadré). Au fil du temps, il a changé d’avis et cela serait le résultat d’une grande histoire … d’amour avec l’actuel ministre d’Etat chargé des projets présidentiels. En effet, avant que l’ancien chef d’Etat ne décide de devenir candidat pour les présidentielles de 2018, il était en étroite relation avec Rivo Rakotovao avec qui ont été même conclues plusieurs alliances. On ne souhaite pas savoir qui a n… qui mais le fait est que Marc Ravalomanana n’en est plus content. Il l’avait déjà vivement critiqué à plusieurs reprises mais ses allégations de la veille enfoncent encore plus Rivo Rakotovao. Ce dernier est aujourd’hui accusé de « kidnapper » son terrain, selon les propos du président national du Tim justifiant cinq titres fonciers en son nom. Selon toujours ce dernier, Rivo Rakotovao ne protège pas les opérateurs malgaches et fait tout ce qui est en son pouvoir que la population haïsse le régime actuel. En d’autres termes, le ministre d’Etat est source de désordre. Pire, Marc Ravalomanana a même lancé un défi à Rivo Rakotovao pour une face à face afin de mettre un terme à cette … querelles !

La caravane d’Etat passe 

Dans cette étrange relation de couple entre le président national du Tim et celui du Hvm, il n’y a pas réellement d’amour mais une étrange passion motivée par une envie de prendre le dessus sur l’autre. Aujourd’hui, l’ancien président souhaite visiblement avoir le contrôle sur la carrière politique du ministre d’Etat, soit y mettre carrément un coup d’arrêt fatal. Mais Marc Ravalomanana a peut être sous-estimé Rivo Rakotovao qui a réagi au quart de tour dans les heures suivant l’intervention du premier sur le terrain d’Andohatapenaka, bientôt transformé en stationnement. Le ministre d’Etat chargé des projets Présidentiels et président national du Hvm, censé montrer l’exemple, a mis un terme aux discussions en soulignant clairement que le « Domaine Andohatapenaka » d’une superficie à déterminer après bornage appartient à l’Etat Malagasy. Rivo Rakotovao a fièrement étalé sur son bureau les documents justifiant ses allégations, notamment un acte de situation juridique signé par le conservateur du domaine foncier concerné. Et pour ce qui est de la demande d’autorisation à la Commune Urbaine d’Antananarivo pour la construction d’une gare routière, le ministre d’Etat n’en a pas vu l’utilité. Il a clairement l’avantage d’être au pouvoir et peut trouver tous les moyens possibles pour toujours avoir raison et être au-dessus de ses détracteurs. Ainsi, Marc Ravalomanana peut toujours continuer à gaspiller sa salive, Rivo Rakotovao ne cédera pas à cette pression d’autant que les médias ne soutiennent pas du tout l’ancien président de la république. Tous savent que ce dernier a obtenu ce terrain en 2008 pour la simple raison qu’il était au pouvoir et ce, aux dépens de pauvres malgaches aussi. D’ailleurs, beaucoup se rappellent encore de son attaque  envers les habitants de la Capitale, et justement concernant ce terrain d’Andohatapenaka : « Raha mbola misy ho totofana dia mbola hanototra aho ! » (Littéralement, s’il y a encore des terrains à remblayer, je le ferai encore), a-t-il déclaré en 2009 alors qu’il était encore au pouvoir.

Le remaniement dans la ligne de mire

D’un autre côté, certaines autorités étatiques ont été, ces derniers temps, volontairement grillées pour faire sauter les fusibles plus facilement. Bien que les résultats obtenus par la majorité des ministres soient tous loin des attentes de la population, seules quelques têtes sont presque sûres de tomber. Dans cette stratégie, deux ministres ont passé un deal avec les décideurs et ont été nommés au Sénat par le Président de la République. Un autre a été obligé de reconnaitre l’existence d’une mission officielle à Singapour soi-disant pour protéger 30 000 rondins de bois de rose saisis. Un autre aussi a dû défendre l’indéfendable par rapport à la vente d’une île paradisiaque privée dans l’archipel des Radama. Compte-tenu de ces évènements similaires dans un court laps de temps, les observateurs s’accordent à dire que le changement de gouvernement est finalement sur le point d’avoir lieu. Marc Ravalomanana sait très bien que les décideurs sont incapables de pousser Rivo Rakotovao dehors et c’est même la raison pour laquelle l’ancien président n’a pas mâché ses mots pour le dénigrer. La manœuvre du président national du Tim se résume alors à monter la population contre Rivo Rakotovao dans l’optique de convaincre le nouveau premier Ministre et même le Président de la République de l’écarter.

Laza Marovola