Conservatrice, d’origine modeste, Margaret Thatcher a été le Premier ministre britannique le plus longtemps au pouvoir depuis le XIXème siècle. Une longévité qui lui a permis d’imposer sa vision libérale de l’économie. L’ère Thatcher a profondément changé la Grande-Bretagne.
Margaret Thatcher est décédée lundi à l’âge de 87 ans, a annoncé lundi un porte-parole de la famille. « C’est avec une grande tristesse que Mark et Carol Thatcher annoncent que leur mère, la baronne Thatcher est morte paisiblement ce matin, à la suite d’une attaque », a déclaré Tim Bell.
Une cérémonie de funérailles sera organisée à la cathédrale St Paul qui n’aura donc pas d’obsèques nationales, a annoncé Downing Street. « Downing Street est en mesure d’annoncer que, avec le consentement de la reine, Lady Thatcher aura une cérémonie de funérailles avec les honneurs militaires », a indiqué un porte-parole, précisant que la cérémonie aurait lieu à la cathédrale St Paul à Londres et qu’elle serait suivie d’une « crémation en privé ».

Premier ministre en 1979

Premier ministre pendant un peu plus d’une décennie, de 1979 à 1990, Margaret Thatcher a durablement imprimé sa marque et changé la Grande-Bretagne. Une performance inattendue pour un personnage politique qui cumulait plusieurs traits distinctifs : elle était une femme ; elle était parvenue à la tête du parti conservateur faute d’autres candidats ; elle n’appartenait pas à l’ »establishment ».
Et pour cause : née à Grantham dans le Lincolnshire, au nord de l’Angleterre, en octobre 1925, Margaret Roberts était la fille d’un épicier de la ville, méthodiste pratiquant.
Alderman Roberts réussit en affaires, et devient un notable de la petite ville : conseiller municipal, membre de la Chambre de Commerce, il initie très tôt sa fille à la politique. La petite bourgeoise de la « Middle England » devient étudiante en chimie à Oxford en 1943, où elle rejoint sans tarder les rangs de la Conservative Association. Après avoir travaillé trois ans dans des entreprises, elle épouse en 1950 Denis Thatcher, chef d’entreprise qui fera une brillante carrière dans les affaires. Discret mais présent, son mari la soutiendra toujours. Il commence par lui donner les moyens de passer un diplôme d’avocat fiscaliste, qu’elle termine en 1953. Tout en élevant ses deux enfants, la jeune femme continue de militer dans les rangs du parti conservateur et après plusieurs tentatives devient député en 1959. Elle monte peu à peu les degrés du pouvoir au sein de son parti, d’abord comme secrétaire parlementaire au ministère des retraites, puis comme secrétaire d’Etat à l’Education. En 1974, Edward Heath perd le contrôle du parti. Elle se présente contre lui, faute d’autres candidats, et emporte le scrutin. Quatre ans plus tard, à la faveur des élections de février 1979, elle devient Premier ministre. Elle le restera dix ans. Mais les conservateurs demeureront dix-huit ans au pouvoir, John Major lui succédant fin 1990.
Son arrivée au 10 Downing Street sonne la fin de la période d’après-guerre. Les gouvernements de la reconstruction avaient de manière consensuelle mis en œuvre des politiques d’inspiration keynésienne. Avec des bonheurs divers. Ainsi, le dernier gouvernement travailliste, parvenu au pouvoir en 1974 et qui avait terminé la grève des mineurs venait d’essuyer « l’hiver des mécontentements » : entre décembre 1978 et janvier 1979, plusieurs grèves dures se sont succédé dans les transports, les écoles, et autres services pour obtenir plus de 5% d’augmentation de salaires. Des semaines de désorganisation et des piquets de grève parfois violents ont démontré à l’opinion que le parti travailliste n’était plus à même de peser sur les syndicats. Aux yeux de beaucoup d’électeurs, « il (l’hiver) a représenté la faillite de la tradition démocrate et corporatiste des travaillistes d’après-guerre. L’heure était venue pour quelque chose de neuf », écrit l’historien Anthony Seldon.

(Source : http://www.lesechos.fr)