Le rap a carrément changé ces derniers temps ! Les connaisseurs et les puristes se demandent où est passé le vrai hip-hop, la culture urbaine dont ils aimaient tant. Actuellement, les artistes « célèbres » conjuguent le rap avec d’autres genres musicaux notamment le gweta, le coupé décalé et même le Rnb. Ces derniers qui sont actuellement les cadences les plus commerciales dans la Grande Ile. On écoute rarement du « vrai » texte portant des messages dénonciateurs dans les couplets des Mcs. Pour les amateurs, il faut savoir qu’on parle de rap lorsque quelqu’un se pose, de façon saccadée, des paroles revendicatrices avec une certaine aisance au niveau de la rythmique grâce à ses assonances et allitérations. Heureusement que certains groupes tiennent encore dans leur cœur cette idéologie et décident encore et toujours de partager le rap conscient pour le grand public. Le groupe Elita fait partie de ses rares formations.

Dénonciateur

Ayant sorti leur premier album dénommé « Diamondrako », les membres du groupe démontrent à quel point le « Trap music », rythme des chansons du disque peut devenir « médisante ». Composé de 14 titres, Razor, Alien Xkai, Elh Jee et Gigstha montrent à leur façon plusieurs facettes de la société malgache, et ce, sous différents angles de vue. L’insécurité dans le sud, la situation politique actuelle ou même la médiocrité de la vie quotidienne des Malagasy, ils en parlent avec férocité. Flow percutant, textes bien étudiés mais surtout instrumental hardcore mais sonnant, on peut dire que l’équipe apporte une nouvelle vision du hip hop : le rap mature.

Si les autres ont voulu clacher dans ses titres, Elita a voulu dénoncer les dirigeants actuels avec le morceau « Rainilaiarivony » qui évoque carrément ce que les dirigeants font. Et même ceux qui n’ont jamais aimé ce genre musical souvent jugé « exécrable » vont sûrement adorer 14 playlists puisqu’ils parlent vraiment de plusieurs sujets intéressants. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne font pas la musique pour du blé. Contrairement aux « Stars » actuelles, la bande à Razor joue pour la passion et non pas pour devenir célèbre. De plus, ils se produisent en autoprod et sans vendre l’album puisque « Diamondrako » est en téléchargement libre sur internet.

Par ailleurs, ils ont annoncé qu’une réédition de l’album sortira en fin d’année. Une autre version ajoutée de 8 titres dont le nom de l’opus reste une surprise. Un concert de promotion est prévu pour le 4 juin prochain.

Tahiana Andrianiaina