Un greffier est un auxiliaire de justice dont les responsabilités sont, sans s’y limiter, de tenir les registres du tribunal, ainsi que de faire prêter serment aux témoins, aux membres du jury et aux membres du grand jury. Traditionnellement, le greffier est aussi gardien du sceau destiné à authentifier les actes judiciaires émanant du tribunal, tels que les jugements, ordonnances et injonctions. Dans tout le pays, le syndicat des greffiers et tous les autres officiers de justice entrent dans leur troisième jour de grève et menacent de ne pas y mettre fin tant que le ministère n’aura pas répondu favorablement à leurs revendications. En quelque sorte, les greffiers souhaitaient complètement paralyser l’appareil judiciaire d’autant plus qu’aucun service minimum a été convenu. Si c’est le cas sur tout le territoire, un groupe de personnes, plus exactement 5 % des greffiers, continue de faire tourner le Tribunal d’Anosy.

Hier, Nicolas Rabenandrasana, un leader du dit syndicat a révélé que ces personnes ne sont que des Employés de Courte Durée et des membres de la famille du ministre Noëline Ramanantenasoa. Ces derniers sont recrutés mais ne sont pas sortis des concours et sont donc plus dociles si l’on croît les propos du responsable syndical. En d’autres termes, le ministère ou même le ministre de la justice a tout simplement ordonné à ces quelques personnes d’assurer le travail des greffiers en grève pour minimiser la valeur des revendications.

Traitement injuste

Aux dernières nouvelles, les greffiers en grève à Anosy ont déjà perçu de l’argent mais cela n’entre pas dans le cadre de leurs revendications. Selon Nicolas Rabenandrasana, la somme d’argent octroyée aux greffiers en date du lundi n’est qu’une partie du salaire que les responsables auraient déjà dû débloquer depuis décembre 2015. Cette mesure prise à la hâte par le ministère de la justice ne pourra pas mettre fin à la grève, tout comme les fausses promesses et la lenteur au niveau du ministère des finances et du budget. Les greffiers et leur syndicat constatent une forme d’injustice, d’autant plus que les greffiers aient plus de travail que n’importe qui au Tribunal. Hier, en plus de leurs revendications, Nicolas Rabenandrasana a regretté les conditions et même l’environnement de travail des greffiers dans tout Madagascar. Par ailleurs, il accuse le manque d’effectif et l’inexistence de concours pour embaucher de nouveaux greffiers. Dans cette histoire pourtant, le greffier en chef de la juridiction d’Antananarivo s’oppose à la démarche de la majorité en assurant le service minimum. Le leader syndical n’a pas hésité à traiter ce dernier d’être un mercenaire politique au solde du ministère, choisi et ordonné de minimiser l’importance de la grève actuelle.

Menace de grève  des huissiers

L’instabilité politique causée par cette troisième transition avec un nouveau Premier Ministre est sérieusement en train de menacer une nouvelle fois le développement du pays, si ce n’est d’accélérer sa descente aux enfers. Si aucun lien n’a encore été trouvé avec les grèves des agents pénitentiaires et des greffiers dans tout Madagascar, l’appareil judiciaire risque d’être encore plus bloqué. Dans un langage familier, c’est même déjà le bordel. Ces deux derniers jours, à l’entrée de la prison d’Antanimora, les agents pénitentiaires ont décidé de renvoyer chez eux des individus placés sous mandat de dépôt.

De l’autre côté de la ville, des parents ont fait un long voyage depuis une lointaine commune rurale pour rien dans la mesure où le jugement de leur enfant a été tout simplement annulé. Le chaos semble avoir pris le dessus sur le fonctionnement de la Justice et la situation risque même encore de s’empirer.

Aux nouvelles du soir, on a appris que les huissiers menacent également d’entamer une grève pour revendiquer leur droit. En d’autres termes, si Noëline Ramanantenasoa est reconduite, à la risque de se chauffer. Dans le cas contraire, le nouveau ministre de la Justice aura beaucoup à faire en peu de temps pour désamorcer cette bombe.

Laza Marovola