Tout homme intéressé par la politique et les diverses stratégies y afférentes aura sûrement déjà entendu parler de cet ouvrage devenu référence qu’est « l’Art de la guerre » du maître Sun Tzu. Il s’agit du premier traité de guerre écrit au monde, au 6^ème siècle avant J.C. Mais l’art de la guerre n’est pas seulement consacré à l’art de mener les troupes. En effet, les stratégies de leadership et autres techniques commerciaux appliqués actuellement découlent pour le plus grand nombre de cet ouvrage regorgeant de sagesse et d’apprentissage.

L’on vient de nommer hier en fin de soirée les membres du nouveau gouvernement de cette quatrième République. Grande fut la surprise quand seulement sept (7) des anciens ministres du gouvernement Ravelonarivo sur trente et un (31) n’ont pas retrouvé leurs fauteuils si confortables. Rappelons que ce gouvernement pourtant jugé par presque, pour ne pas dire toute, la totalité du public comme aillant failli à sa mission. Pourtant, la question de défaillance manifeste a été tant et tant discuté quelques temps avant l’annonce de la démission du past Premier ministre Jean Ravelonarivo. L’on s’attendait donc à un gouvernement d’implacable avec de nouvelles têtes bien fraîches. Et cet espoir fut, à la nomination du nouveau Premier ministre, encore plus grand lorsque ce dernier tenait son discours sur un gouvernement de combattant. Malheureusement, ici, on ne refait du neuf qu’avec du vieux. Après l’annonce de ce nouveau gouvernement, « quel progrès, il ne pouvait faire mieux », avait dit une collègue. Peut-être, était-ce réellement impossible pour le régime actuel d’accepter un changement au niveau d’un exécutif déjà si bien verrouillé. Mais malgré ce  verrouillage plein de succès pour certains, Sun Tzu nous dit : « Ne répétez pas les mêmes tactiques victorieuses, mais adaptez-vous aux circonstances chaque fois particulières. » Les circonstances auxquelles le pays fait face actuellement ont montré l’incapacité de ces revenants, de diverses époques et des différents gouvernements que l’on a connus et pas seulement de cette quatrième République, pourtant retrouvés** dans cette nouvelle formation qui se veut guerrière.
Pour en revenir à l’art de la guerre, il semblerait donc que la sagesse du maître Sun Tzu n’ait pas atteint nos hautes sphères. Même pas une guerre psychologique n’a été menée à l’encontre de ses détracteurs par le régime en faisant mine de mettre de nouveau produit au présentoir. En effet, l’on aurait pu, pour calmer les ardeurs de certains, au moins faire semblant de chercher à modifier et les habitués et les habitudes. Semblerait-il que ce soit trop dangereux de tenter une autre stratégie et dans ce cas, il vaut mieux camper sur ses positions. Il est vrai que la prudence est mère de sûreté mais Sun Tzu nous dit encore « La guerre est une affaire d’une importance vitale pour l’état, (…) la voie qui mène à la survie ou à l’anéantissement. Il est indispensable de l’étudier à fond. » Le choix de ce gouvernement, sûrement le dernier de ce mandat, était capital et la survie de l’Etat en dépendait, et en dépend.
Avec 90% de la population qui vit dans l’extrême pauvreté et obligée de chercher aujourd’hui de quoi faire le repas d’hier, l’on est en droit de demander la logique dans laquelle a été entrepris ce remaniement, si c’en est un. Pour l’heure, Sun Tzu nous transmet une dernière leçon de sagesse : « Ne poussez pas à bout un ennemi aux abois. »

Ny Aina RAHAGA