Jeudi dernier, dès lors que certains parlaient au nom de tous les administrateurs pour manifester leur soutien au nouveau Premier ministre Olivier Mahafaly, on a directement senti une fracture au sein du corps de ces hauts commis de l’Etat. Pour cause, le discours des administrateurs civils contestait toujours les dirigeants actuels. Il fallait donc s’attendre à ce que le groupe opposé à cette nomination du nouveau chef du gouvernement se confie à la presse pour afficher leur consternation. « Tous les administrateurs civils n’ont pas été consultés à propos de ce soutien à Olivier Mahafaly et quoi qu’il en soit, il ne s’agit surtout pas de soutenir une personne physique ». C’est le message de la veille adressé à ceux et celles ayant organisé l’assemblée médiatisée de jeudi dernier pour parler au nom du Corps des Administrateurs civils en vue de lécher les bottes du nouvel homme fort de Mahazoarivo. La presse sera encore invitée dans les prochains jours pour nourrir cette discorde entre administrateurs civils sortis de la même école d’administration.

Diviser pour régner

En politique et en sociologie, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d’un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments ayant moins de puissance que celui qui met en œuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était munie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question. Si ce proverbe d’origine latine a été souvent attribué au Sénat romain, les dirigeants actuels utilisent cette stratégie à plusieurs niveaux. C’est le cas par exemple à l’Assemblée nationale où la majorité change en fonction des envies des députés de Madagascar. C’est le cas dans la société civile où certains sont pro-régimes tandis que d’autres sont contre. C’est le cas chez les greffiers qui sont en grève et ceux qui continuent d’assurer le service minimum. C’est aussi le cas dans le corps des administrateurs civils dont certains soutiennent le nouveau Premier ministre tandis que d’autres continuent de contester le choix des dirigeants actuels. Tous les responsables étatiques sont à l’origine de ces divisions et il est clair que cela va continuer ainsi jusqu’à la réélection en 2018.

Laza Marovola