Le bilan ne se présente pas que sur une seule face, encore faut-il que de face il en possède plusieurs, le bilan ne saurait davantage se conjuguer de façons multiples, il n’en est qu’un seul, celui qui reflète l’ensemble de l’action gouvernementale. Procéder à un saucissonnage afin de tirer le bénéfice de certaines réalisations spectaculaires d’une part, alors que d’autre part on tente d’occulter les faits, actes et résultats peu glorieux pour mieux se défaire d’une responsabilité solidaire de l’ensemble, relève d’une démarche trompeuse. La même volonté coupable, celle de se soustraire à une obligation d’objectivité, s’adresse aux jugements critiques entachés de partialité et qui ne relèvent qu’une litanie de constats négatifs, si nombreux soient-ils, afin de mieux taire les initiatives positives surtout lorsque la somme de celles-ci ne pèse pas lourd.
D’un côté comme de l’autre, on se trompe peut-être de combat à vouloir se battre sur le terrain des fausses images qui ne font pas un bilan. Les uns tentent de briller en multipliant les inaugurations, les autres feignant d’ignorer celles-ci, se satisfont de critiquer les cérémonies organisées autour de ces non évènements.
Le bilan c’est chaque électeur qui le dresse, chacun regarde midi à sa porte, nombreux en concluent sans doute que les rayons n’en ont pas franchi le seuil et qu’il fait sombre parfois très sombre à l’intérieur de chez eux. La motivation qui incite les gens à vouloir déposer leur voix dans l’urne surtout quand tout va mal, dépend essentiellement de l’espoir de changement qu’il repose dans le choix qu’ils font. 
Le désintérêt de la population pour la chose publique est une réalité qu’elle manifeste par une désaffection pour son obligation ou son droit de vote. En se détournant des bureaux de vote ce n’est pas de la chose publique que la population se désintéresse, c’est simplement qu’elle ne trouve pas l’intérêt de choisir entre bonnet blanc et blanc bonnet. Ce n’est pas de l’espoir en un changement que les gens ne veulent plus, c’est de croire en cet espoir que pourrait apporter cette classe politique qu’elle se défend. 
L’ensemble de la population a changé tout en restant fidèle en un désir de changement. Les gens ne se contentent plus de promesses de changement et entendent juger sur pièce. Ils attendent du candidat auquel ils vont accorder leur suffrage non tant des promesses de ce qu’il va faire, mais la démonstration que lui-même a changé. Difficile démarche ! Assener de critiques les adversaires ou les prédécesseurs ne suffirait à démontrer ni une volonté ni un savoir à y procéder. La suffisance des personnages le peuple en a assez fait l’expérience. Comment faire preuve d’humilité tout en essayant de convaincre que l’on est l’homme qu’il faut à ce poste, tel est sûrement la contradiction que chaque candidat a à résoudre pour recueillir à la fois la sympathie et la confiance des électeurs. Evidemment qu’il s’agit d’un travail personnel qui appartient au candidat seul, malheureusement il semble que nombreux ont zappé cette démarche individuelle pour se fier à l’image que l’entourage a façonnée. Il n’y a pas à minimiser l’importance de l’image que les milliards aident à populariser, mais on ne peut mépriser pour autant le libre arbitre de l’électeur qui en sa conscience citoyenne, face à lui seul dans l’isoloir, devrait répondre de façon adulte avec un instinct égoïste de simple survie, par un choix qui conditionne les conditions de sa survie. Le gros de la troupe des électeurs se situe en raison de leur état de pauvreté à ce niveau basique de choix.


Léon Razafitrimo