Le ver de la division est déjà dans le fruit. L’unité tant clamée des partisans de l’ancien chef de l’Etat n’est plus qu’une façade. La course à la magistrature suprême a eu raison de la longue lutte pour le retour à Madagascar de Marc Ravalomanana et son retour à la tête de l’Etat. Celui-ci a même dû faire appel à sa base, celle des militants, pour faire face à certains des dirigeants de sa mouvance qui sont prêts à le lâcher pour pouvoir suivre leur propre ambition politique.
Vendredi dernier, Marc Ravalomanana a clairement évoqué son étonnement concernant la prise de positions politiques récentes de sa propre mouvance. Il a notamment désavoué ceux qui estiment que cette dernière devrait désigner le plus tôt possible son candidat à la prochaine élection présidentielle. « Hier (vendredi, ndlr), certaines organisations se sont réunies à Bel-Air en pensant qu’on y nomme un candidat. Je n’accepte pas cela », a notamment révélé à ses partisans du Magro l’ancien chef de l’Etat. « Ils devront venir me rencontrer, ils sont une trentaine. Voilà une démarche étonnante », a encore précisé Marc Ravalomanana à ses partisans. Certes, celui-ci a estimé que ce conclave ravalomananiste en terre sud-africaine est une bonne démarche. Néanmoins, il a réitéré que sa décision sera prise en fonction des réalités. Cela veut-il dire que la mouvance se décide enfin à une nouvelle stratégie, celle de la participation aux prochaines élections ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où Marc Ravalomanana lui-même entretient une certaine ambigüité. D’un côté, il semble ouvert aux propositions de ceux qui estiment que le temps est venu de prendre le pouvoir par les moyens des prochaines consultations électorales. Mais de l’autre, il réitère encore et encore que sa mouvance ne participera pas au processus électoral tant qu’il ne sera pas de retour au pays.

Mardi

Quoi qu’il en soit, au Magro Behoririka, l’ancien chef de l’Etat a révélé l’existence parmi les dirigeants de sa mouvance d’opportunistes politiques qui ne penseraient pas aux intérêts de la lutte engagée depuis quatre ans mais à leurs propres intérêts politiques personnels. « Certains sont pressés de participer à ces élections car autrement, ils perdront leur boulot », a-t-il déclaré sans avoir cité de noms. Dans tous les cas, Marc Ravalomanana a rassuré ses partisans que demain mardi, ceux-ci connaitront sa position officielle qui pourrait être différente de celle des leaders de sa mouvance.
Enfin, l’intervention téléphonique de samedi dernier a donné de plus amples informations sur les objectifs réels du retour de Lalao Ravalomanana au pays. Pour l’ancien chef de l’Etat, Lalao Ravalomanana est tout simplement son « représentant personnel », celui qui donne les directives aux dirigeants de la mouvance. Vu sous cet angle, celle-ci joue donc un rôle politique plus important contrastant avec l’« accord » qui a permis son retour.

L. Denis Alexandre