Un impitoyable tri, sans perspective de changement
Pas mal de prétendants pour un parcours promis à être sélectif avant l’entrée de la dernière ligne droite. De ces inscrits la liste des admis à prendre part à la course, liste annoncée à une publication avant le 3 Mai, risque de disqualifier quelques-uns. Sur un long parcours s’étirant jusqu’au 24 Juillet, de nombreuses embûches menacent d’émailler les quelques 80 jours, surtout qu’il faut avoir le souffle de tenir la distance, et seule l’intendance d’une puissante trésorerie y contribuera. Pour aller loin il ne s’agira pas tant de ménager sa monture, il est besoin surtout de disposer d’une réserve d’avoine en conséquence. Encore que ce ne sera que l’arrivée d’une première étape. La bagarre promet d’être plus âpre et aussi longue pour cette deuxième étape réservée aux deux seuls qualifiés. La capacité financière conditionne encore ici la capacité à combattre avec efficacité lors de ce round définitif. Le public s’amuse en apparence du spectacle, et s’interroge en vain sur les sources de cette débauche de moyens. Il ne peut qu’en être interpellé, sans pour autant disposer de la plus petite piste, ne serait-ce que pour imaginer un début de réponse à cette question. Les gendarmes associés des élections (Bianco, Samifin, Chaîne pénale…) eux-mêmes risquent de nager en plein brouillard, comme tout le monde ils ne peuvent que constater l’énormité sans pouvoir percer le secret des anormalités. Ce temps où l’on manifeste des velléités pour assainir et moraliser le financement des activités politiques, dure depuis que feu Herizo Razafimahaleo a présenté l’unique proposition concrète en la matière. La question s’adresse à l’opinion, de quels moyens dispose le peuple pour faire pression ? On ferait preuve d’excès de candeur à attendre qu’une classe stipule des mesures à l’encontre des privautés de combines qui lui assurent son beurre. Ce serait presque immoral du reste que de vouloir exiger de l’élu qui sera, qui qu’il soit, de faire volte-face contre les méthodes qui ont contribué à son avènement. L’ingratitude à l’égard de l’argent exige des efforts surhumains, repousser du pied la pirogue qui a aidé à traverser peut réserver de surprises désagréables voire menacer de représailles imparables. L’argent n’est pas nécessairement naïf, il ne s’investit que suite à des deals qui lient autant le partenaire que son propre engagement. Il ne s’agit de culpabiliser ni l’argent ni le fait d’en posséder, le système pour lequel le pays a opté, repose sur le libéralisme et l’argent en est un des moteurs de fonctionnement. Il n’est que naturel que les libéraux se battent pour la pérennité de ce système qui fonctionne sans opposition idéologique. Une situation qui lui assure longue vie et sans désagrément de devoir se brider.
Léon Razafitrimo