Au cours des neuf premiers mois de l’année 2015, la reprise des activités économiques nationales a encore patiné, malgré les réformes entamées pour assainir la situation économique du pays, après le retour à la stabilité politique. L’évolution mitigée des activités a été la résultante des impacts positifs ou négatifs des facteurs impliqués dans le processus de production, d’après la Banque centrale de Madagascar.

Les activités industrielles, dans l’ensemble, tournaient au ralenti, malgré les efforts de redressement entamés par les autorités pour assainir le climat des affaires. Le ralentissement de la production manufacturière est reflété par la baisse parfois considérable du volume de production vu sous l’angle des exportations.

Au cours de la période examinée, les exportations du secteur minier, principal pôle de production dans l’économie nationale, ont subi un relâchement d’activité, suite à l’effritement des cours mondiaux sur le marché extérieur. Pour les productions de nickel et de cobalt, les volumes d’exportation ont régressé respectivement de 44,6 pour cent en 2014 à 32,4 pour cent en 2015 et de 45,2 pour cent en 2014 à 4 pour cent en 2015. Néanmoins, ce ralentissement a été atténué par la production de chrome et de graphite dont les volumes d’exportation ont augmenté respectivement de 42 pour cent en 2014 à 81,1 pour cent en 2015 et de -4,7 pour cent en 2014 à 52,4 pour cent en 2015, à la même période observée.

La production des entreprises franches a aussi contribué au redressement du ralentissement de la production minière. En effet, le volume des exportations des entreprises franches a, au cours de la période étudiée, enregistré de légère augmentation (+0,1%, contre -1,3% en 2014).

Au cours de la même période, l’évolution mitigée de la production manufacturière est aussi corroborée par la baisse du volume d’importation des équipements (-14,2%, après +5,9% en 2014), du glissement du volume d’importation de matières premières (+5,2%, après +15,2% en 2014) et de la hausse significative du volume d’importation de l’énergie (+16,4%, contre -2,5% en 2014).

En outre, la morosité des activités industrielles est confirmée par l’évolution en dents de scie de la création d’entreprises selon le type de société de production. Au cours de la période observée, le nombre des sociétés anonymes créées a augmenté de 9,7 pour cent, contre -62,7 pour cent en 2014, alors que les effectifs des entreprises créées pour les deux autres types de société ont reculé  de 7 pour cent, contre +11,7 pour cent en 2014 et de 26,9 pour cent, contre – 17,5 pour cent respectivement pour les SARL et pour les entreprises individuelles.

Les indicateurs du secteur de l’énergie électrique ont révélé un ralentissement des activités industrielles. Au cours de la période considérée, la croissance de la production d’électricité n’a été que  de 2,8 pour cent en 2015, contre 5,9 pour cent l’année précédente. La consommation d’énergie électrique par les ménages et par les entreprises industrielles et de services a aussi fléchi respectivement de 3,8 pour cent, après 4,4 pour cent en 2014 et de 3,5 pour cent, contre 4,1 pour cent en 2014, à la même période. A part le problème sur le plan infrastructurel, l’augmentation du prix d’électricité a été à l’origine de cette baisse de consommation.

En glissement annuel, l’augmentation du prix de l’énergie (toute branche confondue) a grimpé de 8,2 points (+18,6%, contre +10,4% en 2014).

Du côté de la production d’eau courante, la production s’est également régressée en n’affichant qu’une légère hausse de 1,3 pour cent, contre 4,6 pour cent en 2014. Ce mouvement de repli a pareillement touché la consommation d’eau courante aussi bien par les ménages (+3,2%, contre +6,2% en 2014) que par les entreprises industrielles et de services (-1,%, après +8,1% en 2014).

Corollairement à la décélération du rythme de croissance des activités industrielles, la création d’emplois s’est repliée au cours de la période examinée. En effet, d’après la Cnaps, le nombre des travailleurs occupés dans ce secteur a fléchi de 7,7 pour cent en 2015, après une bonne consolidation de 30,2 pour cent en 2014.

Activités tertiaires

Au vu des indicateurs de conjoncture, l’évolution des activités tertiaires a varié en fonction du rythme de dynamisme des branches de services dont certaines se sont montrées vigoureuses alors que d’autres affichaient de mouvement de repli.

Sur le plan monétaire, les allocations de crédits par le système bancaire pour soutenir les investissements ont évolué en fonction de leur type d’échéance. Globalement, sur la période examinée, les crédits à court terme n’ont enregistré que de légère hausse (+9%, contre +18,7% en 2014). Dans ce type de crédit, le financement des entreprises privées a augmenté de 10 pour cent en 2015, en léger recul par rapport à 15,7 pour cent de l’année précédente.

En revanche, les crédits à court terme octroyés aux entreprises publiques ont enregistré une baisse considérable de 44,5 pour cent, contre 60,8 pour cent en 2014.

En contraste avec le fléchissement des crédits à court terme, les crédits à long terme ont, au total, affiché une hausse significative (+30,4%, contre +12,3% en 2014, à la même période). En raison de la reprise graduelle des financements extérieurs, le financement à long terme des entreprises s’est inscrit en hausse tant pour les entreprises privées (+35%, contre 6,8% en 2014) que pour les entreprises publiques (forte hausse).

A défaut des données sur le transport terrestre et ferroviaire, l’analyse de la branche de transport, sur la période étudiée, a été focalisée sur le transport aérien. Pour le fret aérien, le volume des marchandises débarquées a enregistré une légère hausse (+1,4%, contre -20,5% en 2014) alors que celui des marchandises embarquées a remarquablement reculé (-21,4%, après +17,8% en 2014).

Côté transport de passagers, le nombre de voyageurs poursuit sa tendance à la baisse aussi bien pour les voyageurs débarqués (-9,2%, contre -0,7% en 2014) que pour les passagers embarqués (-12,2%, après -3,3% en 2014).

En rapport avec le secteur du transport, celui du tourisme a décéléré son rythme de croissance en affichant un fléchissement notoire. Au cours de la période considérée, les arrivées des touristes aux frontières n’ont atteint que 7,8 pour cent en 2015, après 13,7 pour cent en 2014. Ce qui a diminué les recettes en devises avec un taux de croissance de 2,8 pour cent seulement en 2015, contre 89,5 pour cent en 2014. La dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux recettes en devises en a constitué un facteur lié.

Le déclin de la vente de véhicules dans l’agglomération de la capitale exprime encore la morosité économique sur le tableau conjoncturel du pays. Dans l’ensemble, la vente de véhicules, toutes catégories confondues, a continué de se régresser en s’affichant à -43,5 pour cent en 2015, après -17,6 pour cent en 2014, à la même période observée. Toutefois, en se basant sur le type de véhicules, la baisse affichée par les indicateurs n’a touché que les véhicules à quatre roues aussi bien pour les voitures neuves (-44%, contre -16,7% en 2014) que pour les voitures usagées (-17,2%, contre -48,1% en 2014). En revanche, la vente de véhicules à deux roues a été bien orientée en s’inscrivant à la hausse : +10,4 pour cent, après -34,5 pour cent en 2014 pour les véhicules neufs et +71,4 pour cent, après -65 pour cent en 2014 pour les véhicules usagés. L’économie de carburant suite à la hausse de prix à la pompe, conjuguée au problème du bouchon de la circulation, a été à l’origine de cette hausse notable de la vente de véhicules à deux roues.

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