Rien que le bon sens nous conseillerait de ne plus emprunter un chemin par lequel plus d’un a trépassé. D’ailleurs, l’homme sage apprend des erreurs du passé et de celui des autres. Bête est celui qui sait pertinemment que cela pourrait lui coûter la vie mais s’aventure quand même à faire la chose en question.  A Madagascar, et surtout dans la capitale Antananarivo, on se fait passer le mot sur les ruelles à ne pas emprunter au risque de se faire détrousser ou pire encore. C’est encore plus valable maintenant que l’insécurité est générale et que la pauvreté a presque atteint son paroxysme. En effet, avec une population qui  ne joint même plus les deux bouts, vivant dans la faim, le froid et le noir, voler n’est pas la pire des alternatives. La justice italienne avait même fait jurisprudence il y a à peu près une semaine selon laquelle « voler (des aliments) n’est pas un crime si la personne se trouve en état de nécessité manifeste ou lorsque sa vie en dépend». Et on ne le sait que trop, le malgache se trouve dans un état de nécessité manifeste et de plus chez nous, il n’est plus question de vie mais de survie. Bref, ce n’est pas le sujet, en tout cas pas aujourd’hui, du fait qu’il s’agit ni plus ni moins que du quotidien du citoyen lambda à Madagascar. Revenons à nos ruelles, si dangereuses  qu’on n’y enverrait même plus nos chiens ces derniers temps, car il n’y a pas que les détrousseurs qui se sont approprié nos ruelles, paraît-il que dernièrement un animal tueur aussi rôde dans la capitale. Bête est donc celui qui ose encore, après qu’on lui ait dit de ne pas y aller, emprunte encore ces ruelles pour se faciliter un trajet. Il ne pourra en vouloir qu’à lui-même s’il lui arrive quelque chose de mal. Il semblerait que certaines personnes en haut lieu soient, et nous ne voulons pas être méchant mais disons les choses comme elles sont, tout simplement bêtes. En effet, ces personnes s’entêtent à refaire les erreurs de l’un de leurs prédécesseurs et persistent à rester sur le chemin de la guillotine.

Nous nous rappelons de notre ex-président qui ne voulait plus entendre la voix du peuple fatiguée de la pauvreté et des abus que ce dernier faisait  à l’aube de sa fin. Allant jusqu’à fermer une station qui voulait donner la parole aux citoyens du pays pour ne pas les entendre. Certes, on n’en est pas encore arrivé là et espérons pour nous que ce ne sera jamais le cas mais déjà dans leur tour d’ivoire, les dirigeants actuels ne voient pas ce qui se passe en bas et ce que vit la population malgache. Lorsque la population réclamait la liberté de parole et la démocratie dans la rue, celui qui s’était exilé lui-même avait répondu que la vraie démocratie ne se réclamait pas dans la rue et sa réponse lui a coûté cher plus tard. Actuellement, le corps social veut se faire entendre et la preuve en est cette vague de grève qui n’en finit plus. D’ailleurs, les enseignants Fram viennent encore de se joindre au mouvement après que les inspecteurs et contrôleurs du travail ont annoncé qu’à partir de ce lundi, eux aussi feront grève. En ce temps-là, on construisait des routes mais seulement si elles étaient profitables à l’entreprise du président, le contraire n’étant même pas envisageable. Actuellement, on persiste à déloger des paysans pour pouvoir construire une route pour la réalisation de l’objectif que s’est fixé le président, à savoir accueillir le Sommet de la Francophonie. Sommet qui, selon les bruits dans les salons, serait déplacé ailleurs par les principaux concernés comme on l’attendait. La dernière en date, qui va confirmer la bêtise de nos dirigeants, est cette toute nouvelle acquisition qu’a faite le président de la République. Accrochez- vous bien car il ne s’agit plus d’une voiture tout terrain mais bel et bien d’un jet. En effet, la nouvelle a vite fait de faire le tour  du pays : le président viendrait de s’offrir un jet. L’appareil en question est, paraît-il, un avion Cessna de type Citation VI XL. A quel point le pays est-il riche pour que le président puisse s’offrir un tel luxe ? Sauf s’il s’agit encore une fois d’une de ces frasques de Madame. L’on s’y attendait un peu lorsque le budget de fonctionnement de la présidence fut dévoilé et se compte en centaines de milliards d’ariary. Il n’y aurait rien à dire si seulement il s’agissait  d’une première, mais de mémoire, on se rappelle cet appareil qui a fait  crasher le régime Ravalomanana. Autant dire que le président de la République n’a tiré aucune leçon de l’histoire et persiste à réécrire les mêmes phrases et refaire les mêmes fautes. Tout en sachant qu’il est friand de voyage et de tour du monde, cette nouvelle acquisition, si elle est vérifiée, lui faciliterait la vie. Ceci en espérant que l’appareil ne l’entrainera pas dans sa chute comme ce fut le cas de son prédécesseur. En tout cas, l’histoire se répète avec presque les mêmes acteurs et le même scénario, car, similitude troublante encore : ces deux hommes n’étaient en rien prédestinés à accéder à la magistrature suprême. Enfin si tout cela est vrai !

Ny Aina Rahaga