Actuellement, il n’est plus un endroit dans Tana où on ne trouve pas de cannabis ou de chanvre indien. Les policiers font des descentes partout et des arrestations depuis Ambatomaro jusqu’à Itaosy et même au-delà mais on peut dire qu’aucun quartier n’en est épargné. Evidemment, cela concerne toutes les tranches d’âge et selon les statistiques émanant des organismes internationaux travaillant dans le pays, plus de la moitié des jeunes tananariviens ont déjà touché à cette drogue qui entraine dépendance et ayant des conséquences néfastes sur la santé, tant mentale que physique. Combien de fois a-t-on lu dans les journaux qu’un viol a été perpétré par des personnes qui venaient de fumer du cannabis ou qu’une agression quelconque était due aux effets du chanvre sur une personne. La dépravation de la jeunesse malgache à travers la drogue et l’alcool n’en finit pas d’émouvoir sinon de mettre en colère. Il est vrai que lorsqu’on parle de cannabis, on pense systématiquement à la consommation ou aux effets qu’elle peut produire et l’on a tendance à oublier les vendeurs et ceux qui approvisionnent le « marché ». Pourtant, il existe bel et bien un réseau de fournisseurs qui ravitaillent continuellement la capitale. Bizarrement, les organes étatiques restent muets sur ce sujet si les partenaires techniques et financiers possèdent même des cartographies détaillées des couloirs empruntés par les vendeurs et les fumeurs. Par contre, on se demande si les structures étatiques concernées ont déjà sollicité l’appui de ces agences afin d’obtenir des résultats palpables. Pour la ville des mille par exemple, des quartiers sont souvent mis à la « Une » des quotidiens de la place pour avoir abrité des dealers et effectivement, on y recense de taux d’insécurité très élevé. Pour en revenir aux réseaux de fournisseurs du cannabis, on a déjà entendu parler de pénurie de riz, de viande et de carburant mais jamais au grand jamais, on a parlé d’une pénurie de « môly », et ce, même pas une fois. Et maintenant, on sait pourquoi la pénurie n’a jamais été déclarée. La semaine dernière, la Brigade régionale de la Police nationale d’Ihosy avait intercepté 4 véhicules tout terrain remplis à ras-bord de cette marchandise, faisant un total de 131 sacs. C’est la première fois qu’une telle prise a été faite, et une fois n’est pas coutume, il s’agirait sûrement de gros poissons. Et nous avons bien raison de croire que c’est bien le cas puisque deux têtes sortent largement du lot parmi les 8 associés. Il s’agit en premier lieu d’un neveu d’un ministre inamovible depuis de nombreux gouvernements et pas seulement de cette quatrième République. Dans ses régions d’origine, ce genre de lien de parenté vaut de l’or, non seulement auprès de la population locale mais aussi de l’administration publique en général. C’est bien le cas de le dire puisque le simple citoyen préfère ne pas croiser son chemin et choisit délibérément de changer de trottoir, notamment quand ce dernier est avec sa femme et ses filles ! Mais c’est aussi le cas des fonctionnaires de l’Etat, allant du simple agent jusqu’au chef du district pour la simple raison qu’il suffit d’un simple coup de téléphone accompagné de pleurs de la part du proche du ministre pour qu’on se retrouve vite fait à l’autre bout du monde avec des dahalo et autres bandits comme compagnons ! Bref, c’est un homme puissant avec qui on préfère ne pas tourner le dos. Le deuxième est un assistant parlementaire et là où on recense un taux d’abandon scolaire très élevé et très précoce, il figure parmi les très hautes personnalités de la ville. D’autant que ce deuxième personnage est un … « mpiandry ». Cela pourrait vouloir dire aussi que non seulement, c’est un intellectuel mais aussi, presque le « Saint-Pierre » qui a le pouvoir de vous faire renvoyer à jamais de la communauté des croyants. C’est donc aussi un homme très puissant et l’association de ces deux personnes ont fait que jusqu’à la semaine dernière, ils peuvent rouler tranquillement sur la Rn7 sans jamais être inquiétés. Mais comme tout a une fin d’autant que leur arrestation a fait grand bruit dans la Capitale, leurs protecteurs ont dû les lâcher vite fait au risque de se faire brûler par de méchantes flammes à leur tour.  Du coup, on convoque la presse et on parle de « on n’y est pour rien » et de « nous avions une confiance totale » ! Décidément, certains individus n’arrêteront jamais d’essayer d’embobiner les malgaches et penseront toujours qu’être simple d’esprit signifie bête ou sot. Après les myriades de mensonges qu’on nous sert au petit déjeuner, déjeuner et dîner selon lesquels l’économie du pays progresse, la liberté de presse est une réalité, que certains préparent un coup d’Etat et on en passe, voilà que cette histoire rocambolesque de 131 sacs de cannabis fait son apparition. Ce n’est pas qu’on n’y croit pas, car les images ont été relayées par les différentes stations de télévision de la capitale, mais le fait est que l’on veut nous faire croire que personne n’est responsable et tous ils se rejettent la faute. Durant ce week-end, d’autres personnalités se sont succédé au micro des journalistes quant à la responsabilité de telle ou telle personne, de telle ou telle personnalité publique. En tout cas, une chose est sûre : il y a une politique bien définie qui veut que les jeunes de Tanà soient enfumés de cannabis, et ce, de manière permanente !

RAHAGA