Tel est pris qui croyait prendre, cette sagesse prise dans l’une des célèbres fables de Jean de la Fontaine est de situation en ce début de mois de juin. Car certains ont trop de stratagèmes jusqu’à se prendre les pieds dedans. On ne s’étonne donc pas du fait qu’après maintes et maintes tentatives de gagner le cœur de la population, les masques sont finalement tombés. Gagner le cœur de la population pour quoi d’ailleurs ? Et bien les élections de 2018 tiens ! Des élections qui sont loin d’être gagnées comme il voudrait nous le faire croire. En jouant avec les sentiments d’un peuple désespéré, cherchant continuellement son pain quotidien et à l’affût du moindre petit boulot qui pourrait ramener un peu d’argent. Ce qui n’a abouti qu’à donner de faux espoir à ceux qui y croyaient encore et aux éternels fanatiques. Bien sûr que les applaudissements étaient de rigueur lorsqu’on entend que le nombre de chômeurs va diminuer, surtout dans un pays comme le nôtre. Tant, est bien sûr, qu’on tient ses promesses après. Mais la vie nous a appris que personne ne change jamais vraiment. On aura beau se faire passer pour un agneau, quand on est un loup, on l’est et on le reste à vie. Malgré le fait que le système scolaire en particulier et l’éducation en général ne font pas vraiment l’unanimité dans le pays, et que le taux d’analphabètes soit anormalement élevé, la population malgache n’est pas pour autant dupe. Certains ont essayé de se faire passer pour le bon samaritain aux yeux des tananariviens et des malgaches, et cette méthode a servi depuis longtemps dans ce camp là. Depuis les évènements de 2009 jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, tout le monde sait comment ça marche, comment ça fonctionne. Même le style chemise imprimé batik que l’on a piqué au respectable et vénérable Nelson Mandela montre clairement le jeu auquel joue la personne concernée, cherchant à se faire passer pour ce qu’il n’est pas.

Ce qu’il n’est pas, c’est beaucoup de chose. Après avoir déclaré précipitamment la réouverture de ses entreprises, Marc Ravalomanana semblait être certain que rien ne se dresserait sur sa route. Sans doute que les souvenirs de 2002 sont encore gardés bien au chaud chez lui – qui nécessiterait une perquisition pourquoi pas- et donc le tient en haleine jusqu’à maintenant. Et la situation du pays actuellement semble lui être favorable, un pays presque sans foi ni loi. Ainsi, dans son sondage d’opinion à l’improviste, ce dernier a récolté quelques milliers de gens, les seuls qui ont répondu à l’appel face aux millions d’habitants que compte la ville des mille. La ferveur observée lors des élections municipales a disparu, faute de promesses et de tromperie. Les derniers à s’être indignés étaient les marchands d’Isotry qui avaient pris en main leur avenir, n’attendant pas la Commune urbaine d’Antananarivo. En voyant cela, ces derniers n’ont pas hésité à revenir sur leur parole et interdire aux commerçants de reconstruire en dur leurs kiosques. N’appréciant pas ce geste, qui prouve qu’ils ont décidé de se passer de la Cua et de sa première dame, les partisans de Ravalomanana ont montré leur vrai visage. Dans l’arroseur arrosé, un film qui fait date, le jardinier arrose tranquillement son jardin lorsqu’un enfant marche sur le tuyau. Alors, le jardinier regarde dans son tuyau et c’est à ce moment que l’enfant lève son pied. L’arroseur s’arrose lui-même, puis il poursuit l’enfant, lui donne une fessée et l’arrose à son tour. La morale en est que la farce se retourne contre l’investigateur qui s’étonne que son vis-à-vis connait et utilise des ruses qu’il croyait « un bien acquis ». A travers les déclarations d’hier, les proches de l’ex-président ont démontré leur propre culpabilité dans cette affaire de terrain.

Prendre les choses pour acquis, comme l’ont fait certains dans ce pays, ne bénéficie jamais à ces personnes. Tôt ou tard, les duperies et les impostures ‘se font toujours découvrir’. La question ne concerne pas uniquement l’affaire Tiko en cours, malgré le fait que ce sujet ait été le plus discuté. Nombreux sont les personnes qui, après avoir goûté au pouvoir, pensent être des intouchables. Preuve en est actuellement la dérive que connait le camp Ravalomanana, et qui ne l’avantage guère dans la course à la magistrature suprême de 2018.  L’histoire enseigne énormément si l’on y prête attention. De plus, la nature sentimentale des malgaches permet facilement le pardon. A condition bien sûr qu’on reconnaisse ses torts. Pour ne pas finir comme cet enfant avec une belle fessée ou le rat pris dans l’huître dans la fable, certaines personnes devraient plus prêtées attention à la réalité des choses, à moins de finir en arroseur arrosé.

Ny Aina Rahaga