Ça y est, on est samedi, la fin de la semaine est arrivée, quoiqu’on dise déjà ? Que le temps passe vite. Cette semaine, de lundi jusqu’à hier tard le soir, il a fallu travailler d’arrache-pied parce que c’était une semaine cruciale. La plus grosse affaire de la boîte jusqu’à maintenant et peut-être jusqu’à la fin de l’année. Il ne fallait pas se rater parce que le boss sursautait à chaque petit mot sur ce deal, mais enfin, c’est le week-end et on pourra relâcher un peu la pression. Puis finalement non, on n’a même pas le temps de planifier un week-end avec la famille ou les amis qu’on devra déjà penser à la semaine à venir. Y penser car elle sera plus rude que celle qu’on vient de passer. On doit y penser car des piles de dossiers nous attendent encore au bureau et devront être clos le plus vite possible. Le plus tôt possible car le chèque a déjà été encaissé et si le travail est fait comme il le devait, il y aura peut être un petit bonus, ou un gros, de la part du Grand patron.

Puis, les festivités approchent et on devra s’attendre à encore plus de pression, plus de travail et il faudra boucler tous ces dossiers chauds avant la fin de la semaine prochaine. On ne peut quand même pas se permettre de laisser ces dossiers en suspens alors qu’on s’apprête à célébrer la fête nationale en grande pompe. Cela représenterait trop de risque et pourrait ruiner l’entreprise si rentable jusque-là et les efforts faits depuis à évincer les concurrents. Voilà qu’on est presque au bout de la peine et abandonner maintenant, pas question. De toute façon, on y a investi trop d’argent et même trop d’amitié et de parenté pour risquer de tout perdre bêtement comme ça. En parlant de festivité, le boss organisera comme chaque année son fameux banquet de l’Independance Day. Et si on veut être sur la liste des mille invités, il faut bien se faire remarquer en faisant courbette et cirage de pompe pour la semaine qui vient. De surcroît, Madame sera à ce banquet et il faut bien gagner son estime, ce sera l’occasion ou jamais. Ce n’est donc vraiment pas le moment à penser à un bon week-end ou à faire des programmes de sorties familiales. Puis, ces derniers temps, les routes ne sont plus sûres. Vu le nombre d’accidents mortels qu’on a vu défiler ces derniers temps, ce ne serait pas conseillé de s’aventurer sur ces routes, si on peut encore les appelés ainsi vu l’état dans lequel ils se trouvent. Et bien pas de sortie donc ce week-end, peu importe les envies des enfants ou de madame, les intérêts de la « Nation » priment avant tout. Bien sûr la Nation n’est pas ce bout de terre perdu au milieu de nulle part, la nation c’est l’entreprise qui nous fait vivre et nous paye ces jolis bolides qu’on peut exhiber dans ces embouteillages qui tueraient n’importe quel malade qui y est pris. Ce bout de pays est perdu depuis longtemps et il n’y a plus rien à en tirer. Le rapport lu aux collaborateurs cette semaine indiquait clairement que tout avait été vendu, mis à part quelques parcelles qui attendent encore d’être liquidées. Donc pour la semaine prochaine, il ne reste plus que ce dossier chaud pour évincer ce dernier perturbateur pour pouvoir regarder l’Euro 2016 tranquillement. Qui sait, peut-être même aurons-nous la chance d’avoir un ordre de mission pour aller au stade de France dans quelques jours, comme ce fut le cas pour la Champions league. En parlant de foot, pour ce qui est de l’équipe nationale de ce pays, il n’est même pas la peine de faire le déplacement. Mieux vaut une première classe ou un jet privé pour aller outre-mer voir des paysages que le commun des mortels ne verra jamais. En fin de compte, on peut envisager que la semaine qui va suivre va être sous le signe de la chance. Tous nos plans marcheront à merveille, à commencer par cette débilité de flagrant délit. Même un enfant aurait trouvé mieux mais voilà, c’est le boss qui choisit des stratégies à adopter. Et pour faire bonne figure, on acquiesce de la tête en tapant des mains. Face à la trouvaille du siècle quand même, c’est indéniable.

Bref, du boulot pour la semaine prochaine, une semaine qui promet d’être palpitante et pleine de rebondissements. On devra marcher sur des œufs et prendre notre mal en patience. Ce qui serait mieux, ce serait un décaissement  d’une petite somme, pour calmer les ardeurs mais aussi pour assurer les festivités au cas où on ne recevrait pas d’invitation que ce soit pour le banquet ou pour le défilé de nos frères d’armes. Au moins pour le défilé pour se mêler  aux gros bonnets et à la haute société. En attendant tout cela, avec des pédants prévisibles, autour d’un bon plat de purée à la sauce déloyale et une pincée de lâcheté, essayons quand même de passer un bon week-end.

Ny Aina Rahaga