Jusqu’ici, cet attentat, qui s’est produit le jour de la célébration de la fête nationale à Mahamasina, a fait 3 morts et tous sont issus du milieu défavorisé : deux jeunes de 18 et de 16 ans et un bébé de 14 mois ! En tout, on a recensé un peu plus de 90 blessés dont une dizaine de cas très graves. D’un autre côté, les condamnations tous azimuts.

C’est une grande première pour Madagascar qui fait ainsi face à ce que le numéro 1 de l’Exécutif a qualifié d’acte terroriste. L’occasion du rassemblement lors de la célébration de la fête nationale est effectivement unique si les terroristes visent à faire plus de victimes et par conséquent, provoquer le plus de bruits possibles. Et ces derniers ont bien atteint cet objectif de communication puisque les réactions ont fusé de partout sur la planète et la radio du monde a mis l’info en « Une » de son édition Afrique d’hier matin. Si l’attentat s’est produit vers 19h30 dimanche dernier, le bilan n’était, par contre, arrivé que dans la nuit : 2 morts et plus de 80 blessés ! C’est déjà une très immense perte pour les malgaches qui ne sont pas habitués à voir autant de sang d’un coup, d’autant que les décédés sont de très jeunes hommes de l’âge de 18 et de 16 ans. D’ailleurs, la plupart des blessés le sont aussi et pire, ils viennent des quartiers défavorisés de la Capitale, là où surtout on vit pratiquement de rien et où le loisir manque cruellement. C’est bien le cas de le dire puisque le premier vient du quartier d’Anosibe Mandrangobato II, un fokontany très célèbre où même les policiers hésitent d’intervenir sauf armés jusqu’aux dents, tandis que  le deuxième habitait Andraisoro, un quartier oublié depuis des décennies par les tenants du pouvoir où plus de 90% des jeunes sont au chômage et où l’on abandonne les bancs de l’école après avoir obtenu le certificat d’études primaires et élémentaires.

Douleur de la chair
Ainsi, plus de 80% des spectateurs viennent de ces fokontany des quartiers bas de la Capitale et ne ratent pratiquement jamais les concerts gratuits, notamment quand les grosses pointures de la musique tropicale sont présentes.
Hier matin, le bilan s’est alourdi singulièrement, et ce, pour plusieurs raisons. Dans la panique d’avant-hier, quelques blessés ont préféré rentrez chez eux et c’est seulement après avoir entendu le président de la République spécifiant que le soin et traitement médical seront gratuits que ces jeunes ont décidé de rejoindre le service des Urgences de l’hôpital d’Ampefiloha. Bien sûr, ils ont mis du temps à y être puisque ces derniers étaient obligés de faire le trajet à … pied. C’est le cas par exemple de trois jeunes du même fokontany d’Andraisoro qui présentent de nombreuses blessures sur tous leurs corps. Ayant terminé leurs soins vers 3 heures du matin, ils étaient obligés de faire la manche du côté d’Anosy pour un bol de « vary amin’anana » chaud, tellement ces garçons étaient fatigués alors que la douleur de la chair qu’on venait de … charcuter, les tenait plier en deux dans le froid de l’hiver d’Antananarivo! Le cas de ces jeunes d’Andraisoro n’était pas unique et d’où la hausse du nombre des blessés. D’un autre côté, un enfant en bas-âge de 14 mois figurait aussi parmi les graves blessés et hier dans la matinée, l’enfant a rendu l’âme. « C’est un acte odieux et voilà maintenant que la plus innocente des victimes est décédée. C’est inadmissible et nous allons traquer les auteurs de cette tuerie », à déclaré le Premier ministre Mahafaly Solonandrasana.
J.L.R

Stupeur pour toute la famille de la victime qui était en train de veiller celui qui est décédé lors de cet attentat. Les forces de l’ordre ont débarqué et ont procédé à la fouille de toute la maison. Evidemment, ces dernières n’y étaient pas allées de main morte et ont montré leur savoir-faire de tout f… en l’air. Non seulement, tout le monde est ahuri par cette méthode brutale digne des Tontons Macoutes des Duvalier mais ne comprend pas aussi les raisons qui ont poussé nos brillants enquêteurs à aboutir à cette conclusion. Effectivement, beaucoup pensent que des jeunes malgaches de 16 ou de 18 ans ont la capacité intellectuelle de créer, d’abord, une bombe artisanale, et qui pourrait faire autant de dégâts, comme c’est le cas de l’attentat de Mahamasina. D’ailleurs, on ne fait pas mention jusqu’ici que l’un des deux jeunes faisait des études poussées de physique-chimie – ils ne seraient même pas passé le stade du baccalauréat – et d’un autre côté, c’était des pauvres petits gars qui ont essayé de profiter d’un spectacle gratuit. C’était tout le loisir qu’ils pouvaient se permettre !

J.L.R