L’Etat à travers ses dirigeants actuellement demande énormément de la part de chaque citoyen de ce pays, dans le but d’atteindre ou d’entrevoir ce développement qu’on lui a tant promis. Il est demandé aux citoyens de rester calmes face aux centaines de morts dues à l’insécurité quasi-générale à Madagascar. Ils sont sommés d’arrêter leurs revendications qui, si l’on en croit les tenants du pouvoir, revêtent un caractère totalement politique.Ceux qui osent dénoncer les dérives et déviances du pouvoir sont activement recherchés du fait qu’ils cherchent à déstabiliser l’Etat et ainsi nuisent fortement à l’intérêt supérieur de la Nation. La population toute entière est nourrie à la psychose concernant un coup d’Etat imaginaire dans lequel les dirigeants vivent constamment. Cela à cause d’une peur incompréhensible qui les lie jour et nuit et infirme complètement l’exécutif. Face à l’inflation galopante des prix et du coup de la vie en général et ce, avec le salaire qui est maintenu au minimum possible, le citoyen est contraint de se taire, ne dire aucun mot sans quoi des amendes faramineuses qu’il prendrait vingt ans à payer ainsi qu’un long séjour en prison l’attendrait. Pourtant en contrepartie, strictement rien n’est fait par les tenants du pouvoir ne serait-ce que pour alléger le calvaire quotidien des 22 millions de malgaches déjà empêtrés dans la misère la plus totale.

La moindre des choses serait que les tenants du pouvoir, en contrepartie de toutes ces revendications montre sa bonne foi dans la recherche véritable du développement du pays et la prospérité pour ses citoyens. Ce qui pourrait, peut être, inciter la population à lui faire confiance. Le cas de Singapour est un bon exemple sur ce sujet. Plus qu’ailleurs, la dictature y est de mise et en ce qui concerne la communication, le mot d’ordre serait « motus et bouche cousu ». Les tenants du pouvoir ne tolèrent qu’un seul parti politique depuis l’indépendance, le leur. Chose qui serait tout simplement impossible à Madagascar qui en compte près de 200 même. Un seul parti politique, on a du mal à penser que d’un côté, nos nombreux spécialistes en matière de retournement de veste puissent accepter de ne mettre qu’une seule couleur tout au long de leur longue vie de dinosaure. Et par là suite d’être soumis à une seule règle de conduite sans plus aucune alternative, aucune possibilité de jouer dans une autre équipe que celle existante. Ensuite, de l’autre côté, des millions d’opportunistes se retrouveraient du jour au lendemain privés de leur jeu favori qui est de changer de bord selon les mallettes. Aussi, à Singapour, les tenants du pouvoir découragent les opposants avec des poursuites en justice pour diffamation. Presque la même chose que chez nous peu importe de quoi il est question, les opposants au régime à Madagascar sont toujours les coupables. Comme ce fut le cas pour la tragédie survenue à Mahamasina lors de la célébration de la fête nationale. Sans aucune preuve à l’appui, sans qu’aucune enquête ne soit encore menée, les tenants du pouvoir ont tout de suite affirmé qu’il s’agissait d’un acte politique des opposants au régime. En gros, il ne fait pas beau d’être des adversaires du régime en place à Madagascar. Un deuxième exemple encore plus expressif est la fermeture de la station Viva lors des évènements de 2009 seulement du fait que son propriétaire, maire de la capitale à l’époque, n’était pas du même bord que le régime. Alors il ne s’agit pas seulement de diffamation à Madagascar, il est question de traque, de chasse à l’homme comme le cas actuel du sénateur élu de la ville de Mahajanga.  Et cerise sur le gâteau, ils procèdent au musèlement des médias, de telle sorte que les différents journaux locaux et internationaux subissent également des poursuites judiciaires pour diffamation dans le cas où ils feraient des allégations contre le gouvernement. A croire que nos ancêtres viennent réellement des pays d’Asie. Car dernièrement, on a eu droit à un code de la communication que la communauté internationale n’a pas hésité à qualifier de « liberticide ». Et oui, chez nous aussi, on essaie de museler la presse afin que celle-ci ne puisse plus reporter aucune des déviances des tenants du pouvoir. La question est alors de savoir pourquoi la population de Singapour ne se rebelle pas et accepte tout cela ? Pourquoi le peuple ne se plaint pas et s’acharne à les maintenir au pouvoir depuis 1965 jusqu’à l’heure où nous parlons? Tout simplement parce qu’en contrepartie de tout cela, les tenants du pouvoir ont fait un pacte avec celui-ci en lui promettant la « Prospérité économique » en échange. Et eux, ils tiennent leur promesse mais n’en font pas uniquement des slogans de campagne électorale.

Voilà ce qu’il en est, et c’est tout simple. Alors peut être que les malgaches pourraient accepter le fait que les tenants du pouvoir ne peuvent acquiescer aucune critique. Peut être que les opposants au régime en place perdraient naturellement leur place si le régime montre que de leur côté, ils peuvent et vont apporter un vrai changement dans la vie des citoyens. En somme, le sacrifice doit être réciproque et l’effort mutuel.

Ny Aina Rahaga