En fin de journée hier, le studio de la Radio Antsiva, QG improvisé de la radio « miara-manonja », est devenu une salle de danse avec des journalistes euphoriques de l’annonce du renvoi sine die du vote du projet de loi portant sur le code la communication à l’Assemblée nationale. La pression tous azimuts a fini par payer.

Encore une fois, la solidarité des journalistes a eu raison du jusqu’au-boutisme des députés Hvm, et ce, malgré la … fosse commune bien profonde déjà creusée par les sénateurs de Madagascar. Effectivement, ce projet de loi était passé comme une lettre à la poste au Sénat, une institution que beaucoup ont toujours estimée comme l’antre des sages. Pire, l’un d’entre eux, un ancien directeur de publication d’un organe de presse a voulu régler ses comptes personnels envers son boss par l’intermédiaire d’un amendement. Alerté par la teneur du code en question, les journalistes ont commencé à sérieusement mener une campagne médiatique et de sensibilisation pour dénoncer les graves dangers qui menacent la liberté d’expression, celle d’entreprendre et même la démocratie entière. Et malgré une rencontre décisive entre quelques représentants du monde des médias dans la Capitale, les députés pro-régime n’ont fait qu’à leur tête d’autant que ces derniers ne souhaitent qu’une chose : crucifier les gens de ce métier.
Avant-hier, une marche – pour une fois escortée par l’EmmoReg et sans l’aval du Préfet d’Antananarivo, ni l’autorisation du Maire de la Capitale – a été organisée pour rallier le Palais de Tsimbazaza à partir de la stèle symbolisant la liberté de presse à Soarano.

Le deuil
Malheureusement, les parlementaires ne voulaient plus rien savoir et ont fermé hermétiquement l’accès à la discussion. Ainsi, l’alerte est lancée avant-hier même et des quotidiens ont décidé de ne pas paraître le lendemain, dont celui que vous tenez en main, si d’autres ont préféré faire le deuil de leur page « une » quand les journalistes ont su que le vote du projet en question passe dans la journée. Tôt dans la matinée d’hier, quelques radios de la capitale se sont jointes en une seule : « la radio miara-manonja » et il s’agit des radios Antsiva, Free Fm, Rfm, Rdb, et entre autres Radio Tanà pour la Capitale ainsi que la Radio Fy de l’Itasy. Mais très vite l’on a partout adhéré à l’idée, non seulement à Antananarivo mais aussi dans toute l’île. Le réseau des radios de proximités de l’Eglise Catholique, ainsi que les radios de Toamasina, de Mahajanga, de Fianarantsoa, de Toliara, d’Ambanja, de Fort-Dauphin, de Manakara, et entre autres de Mananara – Nord, ont relayé le programme de la Radio Miara-Manonja. Les réseaux sociaux n’étaient pas non plus en reste et tous se sont focalisés sur le sujet.
Et finalement en fin d’après-midi, la bonne nouvelle est tombée : 46 députés contre 18 ont estimé qu’il est nécessaire d’étudier encore et plus profondément ce projet de loi alors que dans la matinée, 28 députés contre 27 ont voulu passer au vote. Bref, la liberté  de presse et d’expression mais aussi la démocratie gagnent un sursis, pour l’heure mais évidemment, la lutte continue.

J.L.R