Neuf jours avant cette échéance du 31 juillet qu’a posée le GIC. Tout le monde n’y accorde pas pareille importance, même si chacun essaye d’interpréter la mesure du sérieux dans le ton qu’avaient adopté les représentants du GIC pour l’annoncer. Sur le sérieux de la décision du GIC à demander à la communauté internationale l’application des sanctions, il serait hasardeux d’en douter. De nombreuses personnalités dans les sphères de décision ont lâché ça et là des considérations peu flatteuses à l’endroit des Malgaches et plus particulièrement des acteurs politiques, autant de signes qui traduisent une exaspération. La question n’est pas de savoir si la communauté internationale a le droit ou non de faire ces menaces, de poser cet ultimatum, et d’appliquer des sanctions. La réponse est claire : elle s’en donne le droit et elle possède les moyens de le faire.

La question se pose de façon plus pertinente du côté national, outre les sanctions individuelles, est-ce que le pays et la population vont subir des effets directs ou secondaires des sanctions ? Entre avantages et désagréments quel équilibre pour faire basculer la balance davantage dans un sens que dans l’autre ?
On a l’intuition qu’ils sont en train de jouer une partie importante et que les enjeux dépassent l’entendement de ceux qui n’ont ni aucune chance ni aucun risque de passer à la caisse. Qui défend les intérêts de Madagascar dans ce bras de fer qui dépasse le public, et dont il ferait davantage partie des enjeux qu’il n’en serait bénéficiaire dans un sens ou dans l’autre. Il y a belle lurette que l’opinion publique ne se fait plus d’illusion à avoir un rôle d’acteur, maintenant en écarquillant les mirettes on tombe des nues en s’apercevant que l’on n’est même plus spectateur, et on risque même de pêcher par excès d’optimisme à s’imaginer faire partie des enjeux, on aurait trop mal à la tête à réaliser que la population n’est que le ballon sur lequel tous les joueurs tapent du pied avec violence. Il y a eu des coups francs qui n’ont pas été sifflés, c’est qu’il n’y a pas d’arbitre, et les seules règles sont celles du plus fort.
Le ballon se fait-il du souci pour choisir un camp ? C’est là que le sort de la population diffère de celui du ballon. Il trouverait intérêt à exprimer tout haut son choix. Simplement les parties adverses dans cette lutte, pour un trésor à l’évidence, se trouvent dans une complicité objective quand il s’agit de taire l’objet véritable de cette guerre froide.
La crise mondiale, les crises en général, celle qui sévit à Madagascar n’y échappe pas, génèrent un climat de guerre froide. Les discours diplomatiques changent de registre en conséquence. Entre la Russie et l’Occident les paroles aigres-douces, les comportements inamicaux, les intérêts opposés, témoignent de cette ambiance qui ne diffère de celle de la véritable période de guerre froide que par le mérite d’entretenir une enveloppe de papier-cadeau du nom « hypocrisie ».

Léon Razafitrimo